Jonathan Hivernat passe à l’offensive

Non valide depuis l’âge de 19 ans, le capitaine de l’équipe de France de rugby fauteuil est dans les starting-blocks pour les championnats d’Europe cette semaine à Paris. Rencontre avec un trentenaire accompli aussi dans sa vie professionnelle grâce au soutien de l’Agefiph, qui a appris à relever le défi de la résilience.

Jonathan Hivernat, capitaine de l'équipe de France de rugby fauteuil
Jonathan Hivernat, capitaine de l'équipe de France de rugby fauteuil

Un parcours marqué par la combativité et le sens du collectif

Le compte à rebours est lancé pour le capitaine de l’équipe de France de rugby fauteuil : du 22 au 26 février, la team France participe aux championnats d’Europe de la discipline organisés à la Halle Carpentier à Paris. Dans la poule des tricolores, la Suisse, la Russie et le Danemark. 

« une belle équipe redoutable que l’on prend très au sérieux », prévient Jonathan Hivernat.

À 31 ans, le capitaine des Bleus se dit prêt à en découdre, avec la combativité et le sens du collectif qui le caractérisent. Après avoir décroché la troisième place aux deux précédents championnats d’Europe, il espère conduire ses coéquipiers encore plus haut sur le podium.
Relever des défis, c’est l’histoire de ce natif de Figeac, dans le Lot, qui fut valide jusqu’à l’âge de 10 ans. À l’époque, il pratique le tennis et le football. Une vie ordinaire.

« Puis j’ai commencé à être plus vulnérable physiquement. Je boitais, tombais parfois, raconte Jonathan. Pendant trois ans j’ai subi des examens qui ont fini par diagnostiquer la maladie de Charcot Marie Tooth Type 1A, une myopathie rare qui touche la gaine des nerfs. »

Jonathan n’arrête pas le sport pour autant. 

« Je me suis tourné vers le tennis de table et l’équitation handisport. Et j’ai brillé dans les deux disciplines ! » raconte le jeune homme avec fierté.

À 19 ans, il perd l’usage des membres inférieurs et se retrouve en fauteuil. Ses mains et ses poignets perdent également en sensibilité, puis en fonctions potentielles.

« C’était inconcevable qu’à mon âge la maladie prenne le pas sur tout le reste. »

« Le sport me rend résilient et plus autonome »

Jonathan découvre le rugby fauteuil dans un centre de rééducation à Toulouse. Le Stade Toulousain y fait une démonstration, le jeune homme adhère immédiatement. 

« J’étais curieux, surpris, je voyais les fauteuils s’entrechoquer, c’était la guerre ! Cela m’a donné envie d’être conquérant, de me surpasser. »

Le début d’une belle histoire avec cette discipline qui fera de lui un champion aux niveaux national, mondial et paralympique. Un haut niveau à conjuguer avec son activité professionnelle, celle d’agent immobilier après des études de comptabilité et de gestion suivies à Toulouse.

Le Covid l’a obligé à changer de voie et Jonathan occupe désormais un poste de vendeur omni-commerçant chez Decathlon, entreprise partenaire de la Fédération française handisport. Un réseau que mobilise la FFH aux côtés de l’Agefiph pour inciter le monde de l’entreprise à agir en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap, parmi lesquelles les sportifs de haut niveau.

« Le sport m’a permis d’emmagasiner de la force dans tous les domaines de ma vie. Il me rend résilient, plus autonome et me donne de la confiance en moi. Socialement, je me suis complètement ouvert et j’ai rencontré des gens incroyables qui me soutiennent dans mon projet », confie Jonathan.

Le capitaine de l’équipe de France est bien conscient que son équipe d’amateurs est une exception face aux « huit premières nations du rugby fauteuil qui sont toutes professionnelles ». 

« Certes, nos armes ne sont pas les mêmes mais l’important est de franchir cette nouvelle marche pour démontrer que l’impossible reste possible. Faisons encore grandir les personnes handicapées pour fêter le sport en 2024 et donnons envie de croquer la vie à pleines dents ! »
Publié le 17 février 2022