Témoignage Entreprise

Chez Rexel, une responsable de service s’appuie sur le dispositif d’emploi accompagné pour mieux manager un collaborateu

Lors de sa prise de fonction, la responsable de la flotte automobile du groupe découvre que Damien présente des troubles de l’attention. Elle réorganise son travail avec l’appui d’une référente emploi accompagné.

Une situation de handicap mal identifiée

Damien, 40 ans, a rejoint l’entreprise Rexel en 2008 dans le cadre d’un contrat de mise à disposition par un Esat hors-les-murs. Il s’est vu proposer un CDI en 2016 et bénéficie depuis 2018 du dispositif d’emploi accompagné (DEA), financé par l’Agefiph*.

Il travaille au sein du service en charge de la flotte automobile de la société. L’entreprise, spécialisée dans la distribution de matériel électrique en gros, possède un parc de 1 700 véhicules utilisés quotidiennement par ses collaborateurs. Damien assure la gestion des contraventions et des cartes de carburant.

En 2021, le service voit arriver une nouvelle responsable, Gaëlle Riowal. Déjà présente sur le site lyonnais depuis quelques années, elle connaît déjà Damien mais découvre sa situation particulière. Déclaré travailleur handicapé, le salarié est porteur de troubles de l'attention. Il présente des difficultés de concentration ainsi qu’une grande émotivité : le moindre imprévu, la moindre surcharge émotionnelle lui fait perdre ses moyens et génère chez lui des crises de panique. Longtemps, Damien n’a pas souhaité que l’on fasse état de son handicap ce qui n’a pas facilité les interventions pour aider à son intégration dans l’entreprise. Il s’est progressivement retrouvé isolé au sein de son équipe.

Pas plus que ses prédécesseurs, Gaëlle Riowal ne sait a priori comment aborder ce collaborateur. Avec l’appui de la nouvelle direction de ressources humaines de l’entreprise, elle se rapproche de l’opérateur en charge du dispositif d’emploi accompagné afin de trouver des solutions.

Un planning quotidien réorganisé et séquencé

« L’aide du DEA m’a été très précieuse pour comprendre le fonctionnement de Damien et éviter de commettre des erreurs ou des maladresses qui n’auraient fait que susciter des tensions et du stress », confie la nouvelle responsable du service.

Grâce aux conseils de la référente emploi accompagné, qui connaît bien le salarié, Gaëlle Riowal parvient à instaurer une relation de confiance avec son collaborateur et à mieux comprendre son mode de fonctionnement et ses réactions. « J’ai rapidement constaté qu’il maîtrisait parfaitement ses dossiers mais qu’il avait des difficultés pour organiser son travail et hiérarchiser ses tâches. L’enjeu a donc été de créer les conditions pour lui permettre de travailler le plus sereinement et le plus efficacement possible. »

Aidée par l’intéressé et une neuropsychologue mobilisée par le DEA, Gaëlle Riowal remet à plat tout les process dans lesquels intervient Damien afin de mieux répartir ses tâches et d’éviter les charges trop lourdes. Après quelques tâtonnements, un système de planning par tranches de deux heures est mis en place. Il permet au salarié de rester stimulé sans être submergé. Les tâches exigeant une forte concentration sont programmée le matin, l’après-midi étant consacré à des tâches plus « ritualisée ». Un guide de procédures sous forme de logigrammes évite par ailleurs à Damien de buter contre d’éventuelles questions qui risqueraient de le mettre en difficulté. Enfin, suite à l’intervention d’un ergothérapeute, son espace de travail est réorganisé pour lui éviter d’être exposé au bruit et à l’agitation.

Un pas de côté très enrichissant

« Tout cela, nous l’avons réfléchi ensemble, insiste Gaëlle Riowal. Damien n’en est que plus en confiance. Cela nous a pris un peu de temps, c’est vrai, mais le gain est évident : il est beaucoup plus épanoui, beaucoup plus investi dans son travail et plus efficient. Tout le monde y gagne, l’entreprise comme le salarié. »

Au plan managérial, l’expérience est aussi très enrichissante. « Cela permet de faire un pas de côté, de porter un autre regard sur notre travail et notre organisation. Au fond, toute cette réflexion a contribué à renforcer notre intelligence collective. » Sans compter la satisfaction, pour une jeune responsable de service, d’avoir su faire évoluer une situation délicate. Aujourd’hui encore, les échanges avec le DEA se poursuivent sur un rythme hebdomadaire.

Un an après sa prise de fonction, Gaëlle Riowal s’apprête à quitter l’entreprise. Mais tout le travail réalisé avec Damien n’est pas perdu pour autant puisque l’accompagnement de du DEA va se poursuivre dans la durée. Tel est l’avantage du DEA qui n’est pas limité dans le temps. « C’est très rassurant pour Damien comme pour moi car on sait que la référente assurera la transition. »

 

* Le dispositif d’emploi accompagné peut être mobilisé sur prescription directe de Cap emploi, Pôle emploi ou d’une mission locale. Il peut également être notifié par la MDPH.

TÉMOIGNAGE

Gaëlle Riowal, responsable opérationnelle de la flotte automobile « Recruter des collaborateurs en situation de handicap ne suffit pas : il faut aussi les accompagner »

Recruter des personnes en situation de handicap comme Damien est une très bonne chose. En l’occurrence, c’est un collaborateur vraiment compétent qui connaît bien son sujet. Mais l’embauche ne suffit pas. L’entreprise doit aussi accompagner ces personnes, s’adapter. Ce n’est pas une perte de temps. A l’arrivée, le bénéfice est évident pour le salarié comme pour l’employeur.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Rexel

Activité : Commerce

Région : Auvergne-Rhône-Alpes

Effectif : 26 000

Effectif TH : nc

Contact : Gaëlle Riowal, responsable opérationnelle de la flotte automobile – gaelle.riowal@rexel.fr

Mise à jour : 02/11/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : handicap psychique

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph, employeur

Partenaire : Dispositif d’emploi accompagné (DEA) porté par LADAPT Rhône

Publié le 21 novembre 2022