Témoignage Entreprise

CORDM intègre le handicap dans sa gestion des ressources humaines

Soucieuse de respecter son obligation d’emploi et de maîtriser sa contribution, la PME lorraine n’hésite pas à sortir des canaux standards de recrutement et à activer le levier du maintien dans l’emploi.

Anticiper pour respecter l’obligation d’emploi

Implantée à Verdun, la société CORDM est spécialisée dans la fabrication de pièces mécaniques (engrenages, arbres de transmission…) utilisées dans différents contextes industriels : le ferroviaire, l’industrie minière et pétrolière, la sidérurgie… L’entreprise est une Société coopérative de production (SCOP) : ses quelque 70 salariés – dont la grande majorité travaille en production – sont propriétaires du capital et participent à sa gestion. Présent dans la société depuis près de 35 ans, Patrick Gabriel en assure la direction générale depuis février 2020. Lorsqu’il prend ses fonctions, l’une de ses préoccupations est le taux d’emploi de travailleurs handicapés de l’entreprise. « Depuis de nombreuses années, nous répondons à notre obligation d’emploi mais nos effectifs sont vieillissants et plusieurs départs à la retraite à venir risquent de nous faire repasser sous la barre des 6 %. Pour une PME industrielle comme la nôtre, le paiement d’une contribution annuelle n’est pas neutre. Mieux vaut anticiper. » D’autant plus que le recrutement sur les métiers techniques ne va pas de soi, surtout dans un département, la Meuse, qui reste essentiellement rural. « On a par exemple beaucoup de mal à recruter des agents de maintenance. On cherche aussi des tourneurs… » L’entreprise n’a donc d’autre choix que d’élargir ses critères de recrutement et d’explorer toutes les pistes possibles afin de saisir les opportunités qui se présentent.

Un recrutement via un chantier d’insertion

C’est ce qui s’est produit au printemps 2021 avec l’embauche de Jonathan, 23 ans. « On s’était tourné vers le chantier d’insertion AMSEAA qui nous a proposé sa candidature », précise Patrick Gabriel. Le jeune homme travaille alors depuis deux ans sur un chantier d’insertion d’une commune voisine. Il est titulaire d’un bac pro logistique mais des difficultés de communication, liées à un handicap psychique, ont perturbé son entrée dans la vie professionnelle. Sa candidature a été poussée dans le cadre du plan gouvernemental « 1 jeune, 1 solution », destiné à favoriser l’emploi des moins de 26 ans dans le contexte de la crise sanitaire. « On avait un besoin aux expéditions et il avait le profil, d’autant plus qu’il possède une certification (Caces) qui l’habilite à utiliser des engins de levage », détaille le directeur général de CORDM. L’aide à l’embauche de l’État pour la signature d’un Contrat Initiative Emploi (CIE Jeunes)* est un argument supplémentaire. Au plan opérationnel, le collectif de travail est prévenu d’éventuelles difficultés de communication avec le nouveau salarié mais en dehors d’une vigilance particulière dans les premiers temps, aucun accompagnement spécifique n’est nécessaire. « Jonathan a très vite trouvé sa place. Il se débrouille très bien avec les transporteurs qui, souvent, ne parlent pas le français, et assure parfaitement le lien avec le secrétariat pour les procédures de dédouanement », souligne Patrick Gabriel.

Le levier du maintien dans l’emploi

Autre levier activé par CORDM pour maintenir son taux d’emploi : le maintien dans l’emploi. Patrick Gabriel mentionne le cas de Lionel, 55 ans, un opérateur de production qui a récemment bénéficié d’un reclassement interne avec l’appui de Cap emploi et de l’Agefiph. « Il travaillait en 3/8 à l’atelier depuis de nombreuses années. Il souffrait de douleurs liées à la station debout et en était arrivé à enchaîner les absences. » Il apparaît très vite qu’un maintien au poste n’est pas envisageable mais au cours des entretiens avec le médecin du travail et Cap emploi, il ressort que dans une autre vie, le salarié a été vendeur dans un magasin de pièces mécaniques. L’entreprise lui propose de passer sur un poste d’acheteur qui a le double avantage d’être sédentaire et de se dérouler sur des horaires de jour. La formation est assurée directement au poste par le responsable des achats. Suivant les recommandations d’un ergonome missionné par Cap emploi et grâce à un financement Agefiph, un bureau en rez-de-chaussée est équipé d’une table réglable en hauteur et d’un siège adapté qui autorise l’alternance des postures assis/debout. « C’est une belle évolution professionnelle sur une fonction finalement assez proche de ce qu’il connaissait déjà et qui lui permet de rester en contact avec l’atelier. » En interne comme à l’externe, CORDM reste en veille sur la thématique handicap. « Nous sommes aujourd’hui identifiés par les acteurs de l’emploi. On communique, on fait parler de nous et on essaie de promouvoir nos métiers. Si nous voulons recruter, on ne peut pas rester les bras croisés à attendre. Il faut se bouger ! » * Cette aide à l’embauche a été mise en place sur 2020-2021 à la faveur de la crise sanitaire.

TÉMOIGNAGE

Patrick Gabriel, directeur général « Des gens très motivés, contents de venir travailler »

« Sans l’obligation d’emploi, beaucoup d’entreprises ne feraient pas l’effort de s’ouvrir aux personnes handicapées. L’expérience montre pourtant qu’on a souvent affaire à des gens très motivés et qui sont contents de venir travailler. Dans un contexte de chômage important chez les jeunes, il existe aussi des nombreux contrats intéressants pour former les nouvelles recrues. Les employeurs doivent s’en saisir. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : CORDM

Activité : industrie de biens d’équipement

Région : Grand Est

Effectif entreprise : 70 salariés

Effectifs TH : 4

Contact : Patrick Gabriel, directeur général – Patrick.gabriel@cordm.com

Mise à jour : 25/01/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 2

Type de handicap : moteur, psychique

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph, droit commun

Partenaires : Cap emploi, médecin du travail, AMSEAA (Association meusienne pour la sauvegarde de l’enfance, l’Aadolescence et des adultes)

Publié le 9 février 2022