Témoignage Entreprise

L’entreprise apprenante d'économie sociale et solidaire Solid’Agri réussit l’intégration durable en milieu ordinaire

En 12 ans, cette structure associative du Vaucluse compte aujourd’hui une équipe de 8 salariés en situation de handicap en CDI et CDD mobilisés tout au long de l’année sur des prestations agricoles pour le compte d’une cinquantaine de clients dans le département.

L’insertion par l’agriculture

Ingénieure en agriculture, passée par le syndicat des Jeunes agriculteurs du Vaucluse, Solène Espitalié connaît bien les problématiques de main d’œuvre rencontrées par la profession. Engagée sur la thématique du développement durable et particulièrement sensibilisée au handicap, elle a l’idée, en 2008, de concilier ces différentes préoccupations en créant l’entreprise Solid’Agri. Sa vocation : former et embaucher des personnes handicapées en recherche d’emploi et proposer leurs prestations à des exploitants agricoles du Vaucluse en quête permanente de personnel compétent et polyvalent pour assurer les activités saisonnières : plantations, taille, récoltes, vendanges…

Sa structure n’est ni une entreprise adaptée ni un groupement d’employeur. C’est une association ayant opté pour le statut d’entreprise d'économie sociale et solidaire. « Notre projet associatif est centré sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, souvent victimes de discrimination et ayant peu accès à la formation, mais notre modèle économique est celui d’une entreprise ordinaire », souligne Lisa Jarniat qui a rejoint Solid’Agri il y a trois ans. En lien étroit avec la fondatrice, elle gère l’activité et encadre l’équipe de 8 salariés, tous reconnus travailleurs handicapés.

Un parcours sécurisé jusqu’au CDI

Chez Solid’Agri, tout recrutement a pour objectif final la signature d’un CDI. Le parcours des nouveaux arrivants est bien jalonné : une évaluation en milieu de travail de deux semaines permet au candidat de vérifier sur le terrain son intérêt pour un métier qui reste très physique. Passée cette première étape, la personne signe un contrat d'accompagnement dans l'emploi (CAE) d’un an renouvelable qui lui donne le temps de se former, en interne ou en externe selon les besoins. « Ce temps est nécessaire pour des personnes qui ont souvent été confrontées à l’échec et qui doivent se réconcilier avec l’autre et avec la valeur travail », explique Lisa Jarniat. Si besoin, Solid’Agri sollicite un accompagnement au niveau socioprofessionnel.

L’équipe compte aujourd’hui un ancien travailleur d’Esat, quatre jeunes issus de l’éducation spécialisée, un ancien salarié victime d’un accident du travail et deux nouveaux venus issus d’une association spécialisée dans l’accompagnement aux personnes porteuses d’un handicap psychique.

« À l’origine, Solid’Agri employait deux chefs d’équipes. L’un des objectifs de notre structure est la montée en compétence des salariés en situation de handicap. C’est aujourd’hui chose faite puisque Sébastien et Jean-Michel, deux salariés en situation de handicap, qui ont plus de 10 ans d’expérience, coordonnent les équipes », complète Lisa Jarniat. L’assistante administrative apporte néanmoins un appui important à ces deux coordinateurs sous forme de tutorat.

Une légumerie pour diversifier l’activité

En 12 ans d’existence, Solid’Agri s’est constitué un réseau d’une cinquantaine de clients, dont un tiers de partenaires réguliers, qui mobilisent ses salariés une grande partie de l’année dans les vignes, les vergers ou les serres. Si le travail ne manque pas - « Il arrive qu’on en refuse ! », note Lisa Jarniat –, le modèle économique de la structure reste fragile en raison de temps d’accompagnement importants des salariés, effectués sur le temps de travail, mais aussi de la saisonnalité des missions et des incertitudes climatiques.

Pour compenser, la structure perçoit quelques subventions privées et bénéficie, au titre de l’accompagnement apporté à ses salariés, d’aides spécifiques liées à la reconnaissance de la lourdeur du handicap.

En 2017, Solène Espitalié a lancé Les Jardins de Solène, un atelier de transformation de produit locaux déclassés proposés en « prêt à cuisiner » aux collectivités. Sur fond de lutte contre le gaspillage alimentaire, cette légumerie permet de diversifier l’activité et de mobiliser l’équipe Solid’Agri pendant les mois creux. « À terme, argumente Lisa Jarniat, ce sera aussi un outil intéressant pour la gestion de carrière des salariés les plus âgés qui ne pourront effectuer les travaux extérieurs. »

TÉMOIGNAGE

Lisa Jarniat, assistante administrative « L’accès durable au milieu ordinaire, c’est possible »

L’équipe de Solid’Agri montre qu’il est possible d’embaucher durablement en milieu ordinaire des personnes handicapées éloignées de l’emploi, de les former et de les conduire progressivement à se gérer eux-mêmes sur le terrain à la grande satisfaction des clients. Cela suppose une vraie prise en compte du handicap et un solide accompagnement, mais c’est possible.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Solid’Agri

Activité : Agriculture, sylviculture, pêche

Région : PACA

Effectif entreprise : 10

Effectifs TH : 8

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0

Contact : Lisa Jarniat, assistante administrative – contact@solidagri.com

Mise à jour : 13/10/2020

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 10

Type de handicap : tous types

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements actuels : Agefiph, financements privés

Partenaires : Agefiph,

Publié le 13 novembre 2020