Témoignage Entreprise

L’Imprimerie Cloître intègre une équipe de travailleurs d’Esat et leur monitrice

Après dix années de partenariat avec l’Esat Les Genêts d’or de Plabennec (Finistère), l’Imprimerie Cloître, a choisi d’internaliser une équipe de 5 à 7 travailleurs. Son action a été récompensée par un trophée Handicap du Medef Bretagne.

Une activité de sous-traitance internalisée

Implantée à Saint-Thonan, près de Brest (Finistère), l’imprimerie Cloître est spécialisée dans les travaux d’impression offset, numérique et grand format. Elle confie depuis 13 ans à un Esat tous les travaux qui ne peuvent être exécutés mécaniquement. Pliage de chemises, collage, petits façonnages… Toutes ces gestes sont réalisés par l’équipe de l’Esat Les Genêts d’or de Plabennec. « C’est mon ancien directeur, sensible au handicap, qui a œuvré en faveur de ce rapprochement, » se souvient Olivier Le Borgne, directeur de production. L’établissement gérant déjà en interne une petite imprimerie, cette activité de sous-traitance est en parfaite cohérence avec celle de la demi-douzaine de travailleurs handicapés mobilisés. Au fil des années émerge l’idée de faire évoluer ce partenariat en intégrant directement l’équipe de l’Esat dans les locaux de l’imprimerie Cloître. « Nous livrions chaque jour nos travaux à 10 km d’ici avec, parfois, le besoin d’y retourner pour gérer une commande ou expliquer ce que nous souhaitions. Cela avait du sens de mettre fin à tous ces allers et retours ». Mais les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain. Il a fallu préparer et gérer ce transfert.

Des appréhensions à lever

L’annonce de l’arrivée de l’ « équipe », comme on la nomme ici, suscite des appréhensions au sein de l’imprimerie. Certains salariés craignent de se voir remplacés par les travailleurs de l’Esat, d’autres appréhendent une dégradation de la qualité des travaux. Et comment faudra-t-il agir en cas de crise ou de dispute ? Face à toutes ces interrogations, il faut faire preuve de pédagogie. Pour expliquer, par exemple, que les tâches confiées à l’équipe seront les mêmes que précédemment et que les travailleurs seront encadrés en permanence par une éducatrice. « Les salariés ont finalement bien réagi malgré une petite période de flottement, explique Olivier Le Borgne. Nous avons fait des réunions et corrigé l’organisation au fur et à mesure. » Au quotidien, l’éducatrice gère son équipe en fonction des capacités, des compétences et du rythme de ses ouvriers. Elle fait également l’interface avec l’imprimerie. « Nous lui faisons part de nos besoins et de nos priorités, à elle d’organiser la répartition de tâches. Si ça coince, c’est à nous d’aller trouver des ressources supplémentaires dans d’autres Esat ou auprès d’intérimaires qui viennent nous prêter main-forte. De cette manière, les travailleurs de l’Esat ne sont jamais sous pression. » Si l’essentiel des travaux qui leur sont confiés s’effectue à table, certains interviennent ponctuellement - toujours en binôme – sur les machines d’emballage et d’étiquetage après y avoir été formés.

Une « équipe » devenue indispensable

Avec le recul, Olivier Le Borgne estime entre 6 et 8 mois la période de transition nécessaire pour que l’entreprise trouve son rythme de croisière autour de cette nouvelle organisation. « Nous avons pris la mesure de la valeur du travail de l’équipe. Nous savons ce qu’elle est en capacité de gérer, connaissons ses délais et nous nous accordons en conséquence. Très franchement, les jours où les travailleurs de l’Esat ne sont pas là, nous sommes très embêtés. » Le rôle joué par l’éducatrice, qui sait lisser les problèmes afin que l’entreprise ne soit pas impactée, est un élément-clé dans cette réussite. Au fil du temps, des liens se sont tissés entre les deux équipes dont la composition a évolué au gré des départs à la retraite et des maladies. Malgré le confinement et les périodes de chômage partiel, la pandémie de Covid-19 n’a pas remis en cause le partenariat. « Sur un effectif de 110 salariés, nous n’avons gardé qu’une trentaine de salariés au plus dur de la crise. Les autres ont été placés en activité partielle ou en congés », indique Olivier Le Borgne. Jusqu’à aujourd’hui, l’entreprise a maintenu le cap. Des réorganisations s’imposent pour rester compétitifs dans ce monde qui bouge très vite mais tout le monde est revenu ». L’« équipe », aussi.

TÉMOIGNAGE

Olivier Le Borgne, responsable de production « Il ne faut pas hésiter à se lancer des challenges comme celui-là »

« L’intégration de l’« équipe » est une réussite pour nous. Personnellement, je n’avais au départ aucune crainte sur son dénouement : ma femme est éducatrice et en en discutant tous les deux, je m’étais fait une idée de la manière de travailler que nous pouvions envisager. Il ne faut pas hésiter à se lancer des challenges comme celui-là. Dans toutes les usines de fabrication, il y a matière à projeter ce type de sous-traitance. Tout le monde en sort grandi au final. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Imprimerie Cloître

Activité : Services aux entreprises

Région : Bretagne

Effectif : 110

Effectif TH : 5

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Accord agréé : -

Contact : Olivier Le Borgne, directeur de production - oleborgne@cloitre-imp.fr

Mise à jour : 14/03/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 5 à 7

Type de handicap : tous

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Imprimerie Cloître

Partenaires : Esat Les genêts d’or de Plabennec

Publié le 6 avril 2022