Témoignage Entreprise

MAINTIEN DANS L’EMPLOI

MAINTIEN DANS L’EMPLOI

Une salariée fragilisée par la survenance de son handicap

A Briançon, le cabinet d’expertise comptable Cimergence fait partie du paysage depuis plus de 30 ans. Il est dirigé par Simon Honoré et Solange Fournel qui ont repris l’activité il y a quelques années. L’équipe est constituée d’une trentaine de collaborateurs, dont certains étaient déjà présents à la création de la société. Âgée d’une cinquantaine d’années, Véronique est de ceux-là. Elle a réalisé la plus grande partie de sa carrière chez Cimergence jusqu’à ce qu’un événement inattendu ne vienne bouleverser son quotidien professionnel. En 2015, à la caisse d’un supermarché, elle est prise d’un malaise et se retrouve aux urgences. On lui découvre une tumeur au cerveau. Rapidement opérée, elle est contrainte de mettre son activité professionnelle entre parenthèses, le temps de reprendre pied. Près d’une année s’écoule avant qu’elle ne reprenne son poste progressivement dans le cadre d’un mi-temps thérapeutique. A son retour, ses collègues découvrent avec soulagement que la maladie n’a affecté ni ses capacités cognitives ni sa motricité. Mais il apparaît rapidement que Véronique n’est plus tout à fait la même. Fortement affectée par ce qu’elle a vécu, elle a perdu confiance en elle, se fatigue vite et n’est plus aussi sociable que par le passé. Devenue très sensible au bruit et à la lumière, elle préfère désormais se tenir à l’écart et se montre plus facilement irritable, ce qui n’est pas toujours bien compris. Pour les dirigeants, il est évident que la compassion et la seule bonne volonté des uns et des autres ne suffiront pas pour permettre à la comptable de renouer avec son quotidien professionnel dans de bonnes conditions.

Ne pas céder au déni

« Dans ce genre de situation, on est facilement enclin à une forme de déni, constate l’expert-comptable. Il n’est pas facile d’admettre que la personne qu’on voit revenir n’est plus tout à fait la même que celle qu’on a connue. Nous avons pris conscience de la nécessité de mettre les choses à plat et de traiter la situation de façon claire pour éviter les incompréhensions et les tensions insidieuses. » Les gérants du cabinet ont alors encore en tête une expérience vécue quelques années auparavant avec un jeune collaborateur blessé à un bras au cours d’un accident. Ni l’intéressé ni l’entreprise n’avaient alors jugé utile de reconnaître une quelconque situation de handicap, estimant que les choses rentreraient dans l’ordre d’elles-mêmes avec le temps. « Il n’en a rien été, raconte Simon Honoré. Au bout d’un an, la situation est devenue intenable. Seuls l’intervention de Cap emploi et l’aménagement du poste ont permis de normaliser les choses. » Dans le cas de Véronique, on sollicite donc à nouveau la structure qui mobilise des experts, notamment un ergonome spécialisé dans les troubles visuels. Ce dernier préconise l’acquisition d’écrans informatiques adaptés, la pose de filtres sur les fenêtres pour atténuer la luminosité et l’installation d’un système d’éclairage réglable, qui sera d’ailleurs généralisé à tout le cabinet pour des raisons de confort et d’économies d’énergie. Ces aménagements sont financés en partie par l’Agefiph. La comptable accepte par ailleurs l’idée de réduire et de fractionner son temps de travail (2 h 30 le matin, 2 h 30 l’après-midi) pour éviter de se fatiguer.

Un emploi sauvegardé jusqu’à la retraite

La prise en compte des difficultés de Véronique contribue à apaiser les tensions et les inquiétudes. Chacun réapprend à travailler ensemble. Rassurée sur ses capacités comme sur son avenir, la comptable retrouve le moral et le plaisir de travailler. Elle renoue progressivement avec le collectif, revient aux réunions, participe aux moments conviviaux qui jalonnent la vie du cabinet. « Je fais moins d’heure, mais je suis toujours aussi motivée, témoigne-t-elle. J’ai besoin de ça. Le travail, c’est mon équilibre, le groupe, ma bouée de sauvetage. » Chacun admet par ailleurs qu’elle soit désormais moins productive que par le passé. Cette réalité économique est d’ailleurs prise en compte via le versement mensuel à l’employeur d’une aide financière au titre de la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH). Elle vise à compenser les surcoûts liés au handicap quand ceux-ci s’inscrivent dans la durée. « Qu’on le veuille ou non, le handicap fait partie de la vie, estime Simon Honoré. L’entreprise doit l’intégrer comme tel, d’autant plus qu’il existe des moyens d’être accompagné de façon matérielle et financière. Ça ne réussit pas toujours, mais quand ça marche, c’est une vraie source de fierté pour tout le monde. » Chez Cimergence, toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour accompagner Véronique jusqu’à sa retraite. De la même manière, le cabinet devra encore s’organiser pour permettre à une autre collaboratrice de gérer ses trois dialyses hebdomadaires en attendant une greffe de rein. « On a des collaborateurs consciencieux, qui se battent et qui font beaucoup pour le cabinet, Il est normal qu’on fasse en sorte de les accompagner dans la mesure du possible. », conclut Simon Honoré.

TÉMOIGNAGE

Simon Honoré, président de Cimergence « Trouver une solution durable qui réponde à la réalité économique de l’entreprise »

Je n’ai jamais eu de doute sur le fait qu’il fallait tout faire pour maintenir Véronique dans l’emploi. Mais en la matière, se voiler la face et faire preuve de bonne volonté ne suffit pas. Par souci de facilité, on a tôt fait de créer une bombe à retardement… L’enjeu est de trouver une solution durable qui réponde à la réalité économique de l’entreprise. C’est aussi une question de respect vis-à-vis du collaborateur.

 

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Cimergence

Activité : service aux entreprises

Région : Auvergne-Rhône-Alpes

Effectif : moins de 50 salariés

Effectif TH : 1

Contact : Simon Honoré, président de Cimergence – simon.honore@cimergence.fr

Mise à jour : 30/06/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : visuel

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph, Carsat

Partenaires : médecin du travail, Cap emploi

Publié le 12 septembre 2022