Témoignage Entreprise

Un double maintien dans l’emploi au sein de l’association Synapse 3i

Directement concerné par le handicap, Jean-Pierre Motte, le fondateur de la structure, bénéficie d’un accompagnement dans la durée au titre du maintien dans l’emploi. Il a récemment à nouveau mobilisé Cap emploi pour l’une de ses collaboratrices.

Une maladie dégénérative de l’œil

Jean-Pierre Motte est un entrepreneur engagé. En 2009, il crée à Amiens l’association Synapse 3i avec pour ambition de devenir un acteur du développement local et social des quartiers prioritaires en œuvrant pour l’emploi des personnes en situation d'exclusion. Sa structure, qui emploie au départ 4 salariés, diversifie progressivement ses activités pour finalement s’organiser en quatre pôles : un pôle ateliers chantiers d'insertion (ACI), un organisme de formation numérique, une structure d’accompagnement social et un espace de vente où sont proposés différents produits passés par les ateliers d’insertion. Synapse 3i emploie aujourd’hui plus de 120 personnes. En 2013, alors que son association est en plein essor, le quadragénaire découvre qu’il est atteint d’une rétinite pigmentaire. Cette maladie génétique dégénérative de l'œil induit une perte progressive de la vue et peut évoluer, à terme, jusqu’à la cécité totale. Malgré cette perspective peu rassurante, Jean-Pierre Motte n’entend pas se laisser décourager. Il s’investit plus que jamais dans le développement de son association. Près de 10 ans plus tard, alors que les troubles visuels ont continué à évoluer, sa détermination ne faiblit pas : « Tant que je pourrai, je continuerai à travailler et à être actif », lance-t-il. Mais pour assumer ses fonctions de directeur au quotidien, il est indispensable de compenser son handicap.

Une aide humaine au quotidien

« Quand ma maladie a été découverte, j’ai fait appel au service maintien dans l’emploi qui est aujourd’hui assuré par Cap emploi », se souvient Jean-Pierre Motte. Après l’intervention d’un ergonome, il obtient des financements auprès de l’Agefiph pour aménager son poste de travail et se procurer les équipements nécessaires (clavier et écran adaptés, etc.). Mais compte tenu de la progression de la maladie, ces seuls aménagements ne suffisent pas. Parallèlement, le fondateur de l’association monte un dossier de reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH). Gérée par l’Agefiph, cette aide, versée chaque trimestre, a pour objectif de compenser financièrement les surcoûts générés par le handicap pour l’employeur malgré la mise en place d’un aménagement optimal de la situation de travail. « Dans mon cas, ce financement a permis le recrutement d’une assistante comptable dont l’une des missions est de m’aider au quotidien sur certaines tâches. Par exemple, comme je ne suis plus en capacité de prendre le volant, elle me conduit régulièrement en voiture. » Tous les 4 ans depuis 2014, Jean-Pierre Motte renouvelle sa demande de RLH qui est mise à jour sur la base d’une évaluation de l’évolution de son handicap. « Compte tenu de mon vécu personnel et de mon activité dans le domaine de l’insertion, j’ai évidemment développé une sensibilité particulière au handicap et j’ai acquis les connaissances pour accompagner des collaborateurs confrontés à ces situations », confie-t-il.

Des compétences utilisées différemment

C’est ce qui se produit avec Angélique, 42 ans, entrée chez Synapse 3i en 2018. Egalement atteinte d’une maladie génétique, elle se réveille un matin en ayant perdu l’usage de l’œil gauche. La lésion est irréversible. Du jour au lendemain, son travail au sein du pôle numérique devient extrêmement pénible. Jean-Pierre Motte mobilise immédiatement Cap emploi. L’analyse de la situation et les réflexions menées en lien avec la salariée conduisent à envisager un reclassement sur un poste d’agent d’accueil dont l’association a besoin. Parallèlement à l’accueil des visiteurs et à la tenue du standard, Angélique se verra confier des tâches de secrétariat. Suite à l’intervention d’un ergonome, son nouveau poste bénéficie d’un aménagement complet cofinancé par l’Agefiph : il est équipé d’un éclairage et de matériel informatique adapté, de loupes et d’un fauteuil ergonomique prenant en compte des problèmes lombaires générés par la maladie. Au plan organisationnel, les horaires d’Angélique sont répartis sur quatre jours avec une coupure le mercredi pour éviter d’accumuler la fatigue sur une semaine entière. « L’accompagnement de Cap emploi m’a permis de me reconstruire à tous points de vue, témoigne l’intéressée. Tout s’est fait très rapidement, le niveau de confort est exceptionnel et de mon côté, je n’ai rien eu à faire. » Pour Jean-Pierre Motte, la démarche n’a pas seulement contribué à la préservation de l’emploi d’Angélique. Elle a permis à l’association de conserver des compétences dont l’association a besoin et qui sont aujourd’hui utilisées différemment.

TÉMOIGNAGE

Jean-Pierre Motte, directeur « L’accompagnement dont j’ai bénéficié a changé ma vie »

Devenir progressivement malvoyant n’est pas facile à vivre. Il faut accepter la situation, apprendre à fonctionner autrement, tout réadapter en permanence. L’accompagnement dont j’ai bénéficié a été très efficace. J’étais vraiment en difficulté et il a changé ma vie. Je pense qu’Angélique a vécu le même soulagement quand nous avons créé et aménagé son poste. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Synapse 3i

Activité : Education, santé, action sociale

Région : Hauts-de-France

Effectif : 120

Effectif TH : 10

Contact : Jean-Pierre Motte, directeur – contact@synapse3i.fr

Mise à jour : 30/06/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 2

Type de handicap : visuel, moteur

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph

Partenaires : Cap emploi

Publié le 12 septembre 2022