Témoignage Entreprise

Un couple de boulangers réorganise son activité pour faire face au handicap

Suite à la dégradation brutale de son handicap visuel, Aline Airaud et son époux Stéphane ont été contraints de repenser totalement leur organisation de travail pour sauvegarder leur activité. Cap emploi et l’Agefiph leur ont apporté un appui précieux dans cette démarche.

Une dégradation brutale des capacités visuelles

Aline et Stéphane Airaud sont artisans boulangers depuis près de 27 ans. Ils ont d’abord exercé à Fontenay-le-Comte avant de reprendre une boulangerie à Montaigu, à mi-chemin entre Nantes et La Roche-sur-Yon. Au sein du couple, l’organisation est bien huilée : Stéphane est au fournil et Aline au magasin où elle assure la vente et la gestion. Elle s’occupe également des livraisons. Le rythme de travail est soutenu mais leur logement est à l’étage, ce qui facilite les choses. Jusqu’à ce que surviennent l’imprévu en décembre 2021.

« Un soir, après une journée de travail, j’ai ressenti des picotements dans l’œil gauche, raconte Aline. J’ai ensuite vu apparaître des formes géométriques puis plus rien, le black out ! Je n’ai pas paniqué mais j’ai dit à mon mari : je ne pourrai pas livrer demain matin... » 

Depuis des années, Aline a des problèmes à l’œil droit. Décollement de rétine, glaucome, cataracte… Elle a subi de nombreuses interventions sur cet œil qui ne voit pratiquement pas. Cette fois-ci, c’est l’autre œil qui la trahit.

La boulangère ne perd pas totalement la vue mais ses capacités visuelles sont considérablement réduites. A huit ans de la retraite, il n’est toutefois pas question pour elle d’abandonner son métier et le commerce durement acquis avec son mari.

Un accompagnement et des aménagements sur mesure

Sur les conseils de son orthoptiste, au CHU de Nantes, Aline prend contact avec l’Agefiph qui l’oriente vers Cap emploi. Très rapidement, une ergothérapeute est missionnée au magasin.

Elle réconforte Aline et lui assure que des solutions existent pour lui permettre de continuer à travailler. Il y a urgence car toute l’organisation de la boulangerie est chamboulée. Stéphane est sur tous les fronts pour maintenir l’activité à flot. De son coté, Aline fait de son mieux mais elle ne peut travailler plus d’une heure ou deux par jour au prix d’un effort considérable.

« L’ergothérapeute a analysé mes tâches quotidiennes une par une pour m’aider à solliciter ma vue le moins possible, notamment en caisse où les contrastes lumineux sont terribles. » La boutique est en partie réorganisée avec l’aide de l’Agefiph. Des codes barres viennent remplacer les étiquettes de prix. Une douchette permet d’en assurer la lecture. Aline teste également un crayon scanner dernière génération qui permet de lire des documents administratifs et d’en traduire le contenu vocalement. Mais cette piste est abandonnée au profit de certaines applications plus maniables installées sur son smartphone. De son côté, Stéphane imagine différentes solutions pratiques pour faciliter la tâche de son épouse. 

Parallèlement, la boulangère suit une formation avec un coach, à raison de 2 heures hebdomadaires pendant 6 mois, pour réapprendre à utiliser son ordinateur. Ces séances sont financées dans le cadre de la prestation d’appui spécifique de l’Agefiph. « L’informatique, c’est la base, il ne fallait surtout pas perdre ça ! Le formateur m’a donné des clés, des raccourcis… Cela m’a été très utile pour reprendre pied. » 

Une embauche soutenue par l’Agefiph

Tous ces changements obligent Aline à fournir d’importants efforts et occasionnent beaucoup de fatigue. Malgré les adaptations et les aménagements, elle ne peut plus prendre en charge toutes les tâches qu’elle assumait par le passé. En plus d’être son aidant dans la vie de tous les jours, son mari porte désormais une grande partie de l’activité : il assure les livraisons et une partie des tâches administratives. 

Pour atténuer la pression, le couple se résoud finalement à embaucher et ouvre un poste en pâtisserie. « La pérennisation de ce poste a été rendue possible suite à une reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) par l’Agefiph, explique Aline. L’aide qui nous est versée couvre une partie des charges. »

Quatre ans après l’incident, la boulangère est toujours en activité, sur un rythme moins soutenu que par le passé. « Grâce à toutes ces démarches et à toutes ces aides, j’ai retrouvé un équilibre. Avec le temps, j’ai appris à utiliser ma mémoire pour compenser ma déficience visuelle. Mon handicap ne me rend d’ailleurs pas moins heureuse. La vie continue ! J’ai adopté une autre vision des choses, je m’accorde plus de temps. Il faut savoir rester optimiste. Cela s’appelle la résilience ! »

TÉMOIGNAGE

Aline Airaud, co-gérante « A chaque étape, on m’a expliqué qu’il y avait des solutions »

Dès le départ, j’ai été très soutenue. Par l’orthoptiste du CHU, d’abord, qui m’a vraiment réconfortée et accompagnée. C’est elle qui m’a recommandé de solliciter l’Agefiph. Là aussi, j’ai été très bien accueillie et encouragée. On m’a orientée vers Cap emploi qui a missionné l’ergothérapeute au magasin. A chaque étape, on m’a expliqué qu’il y avait des solutions. Et je suis convaincue que beaucoup de choses restent encore possibles car je crois profondément aux avancées de la technologie et de la médecine.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Boulangerie Airaud

Activité : Commerce

Région : Pays de la Loire

Effectif : 3

Effectif TH : 1

Contact : Aline Airaud, co-gérante - boulangeairaud@orange.fr

Mise à jour : 10/09/2025

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : 

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph

Partenaires : Cap emploi

Publié le 29 septembre 2025