Témoignage Entreprise

Un plus grand confort au travail pour un agent d’entretien grâce à la RQTH

Nadine, agent d’entretien chez SPID, obtient, après de longs échanges avec son employeur et le médecin du travail, une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. À la clé, un plus grand confort au travail grâce à des chaussures et des semelles orthopédiques.


L'expérience

Article rédigé le 02/12/08

Une découverte fortuite du handicap par l’employeur

Depuis janvier 2000, Nadine est salariée de la société SPID, une entreprise de nettoyage implantée près de Laval, en Mayenne. Elle a commencé à travailler comme agent d’entretien en 1983, à l’âge de 17 ans. Équipée, comme ses collègues, de chaussures de sécurité, elle confie fortuitement, à Nathalie Georget, ingénieur sécurité, des problèmes et des douleurs aux pieds nécessitant le port de semelles orthopédiques. Elle en possède déjà et les transpose chaque jour de ses chaussures de ville à ses chaussures de travail

Ce qui pourrait passer pour un fait anodin alerte immédiatement l’ingénieur sécurité sur l’inconfort généré par ces manipulations répétées. En effet, Nadine effectue ses missions le plus souvent dans un environnement humide. Ses semelles, qu’elle porte en permanence, à la ville comme au travail, gardent donc constamment une certaine humidité. Leur usure est, en outre, accélérée du fait de l’usage à la fois personnel et professionnel qu’elle en fait. Or, la CPAM ne finance qu’une seule paire par personne et par an. Pour Nathalie Georget, l’entreprise doit intervenir car, involontairement, elle « empiète » sur le bien-être personnel de cette salariée.

Une salariée méfiante et réticente face à la RQTH

En collaboration avec Élisabeth Bénard, juriste dans l’entreprise, Nathalie Georget réfléchit aux différentes possibilités d’intervention pour améliorer la situation de Nadine. L’objectif est non seulement de prendre en charge de nouvelles semelles adaptées mais aussi de financer une paire de chaussures de sécurité sur mesure afin de soulager ses douleurs et d’éviter toute aggravation.

Théoriquement, le problème que rencontre Nadine pourrait lui permettre de bénéficier d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Mais celle-ci refuse catégoriquement la proposition et regrette même de s’être confiée. Selon elle, la RQTH aurait pour seul effet de la propulser en première ligne en cas de vague de licenciements. S’engage alors un travail de sensibilisation et de réassurance sur les droits de la salariée qui aboutit finalement à son acceptation puis à l’obtention de la RQTH dans le courant de l’été 2008.

La médecine du travail joue son rôle de sensibilisation

Le médecin du travail et les ergonomes du service de Santé Au Travail de Mayenne (SATM) ont convaincu Nadine. « Ils ont su trouver les mots, la rassurer et lui faire comprendre son intérêt : un plus grand confort au quotidien et des douleurs moindres. Je pense aussi que le fait qu’ils soient extérieurs à la société a pesé dans l’écoute qu’a pu leur accorder Nadine. »

Une fois la RQTH obtenue, la salariée consulte un podo-orthésiste en compagnie d’un ergonome pour faire réaliser deux paires de semelles orthopédiques. Elle bénéficie également d’une paire de chaussures de sécurité spécifiquement adaptées et plus larges pour recevoir les semelles. L’ensemble est cofinancé par SPID et par l’Agefiph.

Une réflexion plus globale pour établir la confiance des salariés

Toujours discrète sur son tout nouveau statut de travailleur handicapé dont elle « ne souhaite pas faire étalage », Nadine est très satisfaite de ce petit « aménagement » qui lui procure un vrai confort au quotidien. Elle regrette aujourd’hui d’avoir tant tardé à  franchir le pas, faute « de déclic » .
Pour Élisabeth Bénard et Nathalie Georget, l’expérience de Nadine est un exemple assez significatif de la retenue voire du mutisme dont font preuve les salariés sur leurs douleurs et problèmes de santé. D’où la réflexion plus globale menée en interne pour inviter dans un premier temps les personnels d’un certain âge à se livrer plus librement, sans peur d’être stigmatisés. « Nadine ne souhaite pas que son exemple soit mis en avant dans le cadre du travail de sensibilisation que nous menons. Mais nous évoquons régulièrement le cas d’une autre salariée volontaire ayant bénéficié d’un aménagement de son véhicule. La valorisation de cas concrets est très utile pour désamorcer les appréhensions et rassurer les salariés sur l’engagement de l’entreprise. »

Le témoignage

Bénard Élisabeth, Juriste

« Un tabou qu’il faut aborder sans brusquer les esprits »

« Nous avons pris connaissance de façon fortuite de la situation de Nadine. En cela, son exemple est très représentatif de la réticence des salariés à évoquer leurs difficultés. Le handicap reste un tabou. Nous travaillons donc avec prudence sur le sujet, en sensibilisant les personnes au cas par cas, sans brusquer les esprits et sans opération de communication à grande échelle. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Groupe : Aprolliance
  • Entreprise : Spid Laval
  • Activité : entreprise de nettoyage
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 151
  • Effectif TH de l'entreprise : 4
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Bénard Élisabeth, Nathalie Georget (juriste, ingénieur sécurité) :
    ebenard@aprolliance.fr
  • Mise à jour : 17/02/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : SPID, Agefiph
  • Partenaires : médecin du travail et ergonomes de Santé Au Travail en Mayenne (SATM)
Thématique
Publié le 28 septembre 2010