Témoignage Entreprise

Une société de nettoyage entame une réflexion de fond après l’aménagement de poste d’une salariée

Responsable d’équipes dans le secteur du nettoyage industriel, Lydie fait part des difficultés liées à son handicap à la société SPID, devenu son nouvel employeur dans le cadre d’une passation de marché. Son cas conduit l’entreprise à mener une réflexion plus large sur les personnels vieillissants.


L'expérience

Article rédigé le 02/12/08

Un responsable d’équipe souhaite que son handicap soit pris en compte

Spécialisée dans le nettoyage industriel et l’entretien courant de locaux, SPID est implantée à Changé, près de Laval, en Mayenne. Au début du premier semestre 2008, Lydie, 47 ans, animatrice de secteur et responsable d’équipes dans une autre société de nettoyage, fait acte de candidature auprès de la société SPID. C’est elle qui assure le lien entre les chantiers, les salariés et la direction. Elle gère la planification et contrôle le travail de 15 agents de service, ainsi que l’approvisionnement en produits d’entretien et, le cas échéant, le remplacement au pied levé d’un agent absent. Lydie rencontre des difficultés dans son travail du fait d’une sciatique chronique, générée par des années d’efforts physiques quotidiens. Elle a fait part à son employeur de son souhait de bénéficier de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, mais cette démarche n’a alors abouti à aucun aménagement.

Spid achète et fait aménager le véhicule de Lydie

SPID entend Lydie. L’entreprise a alors des besoins en termes de recrutement et le statut de la salariée l’intéresse également ; la direction n’en fait pas mystère. Lydie est embauchée début mai avec la promesse d’aménager son poste dans la foulée. De par sa fonction, elle est contrainte à de fréquents déplacements en voiture d’un chantier à l’autre. La conduite et les incessantes montées et descentes du véhicule ne font qu’aggraver ses douleurs. Elle est également soumise à des restrictions de port de charges formulées par le médecin du travail. Pour améliorer ses conditions de travail, SPID fait l’acquisition d’un véhicule choisi avec l’employée. Il est doté d’une boîte automatique pour ménager sa jambe (et le nerf sciatique), et de sièges hauts et fermes pour un meilleur maintien du dos lors de la conduite.

De type « petit utilitaire », la voiture est également équipée d’une rampe de chargement amovible facilement maniable pour éviter les manipulations de charges lourdes. Enfin, un diable repliable permet à Lydie d’acheminer les produits sur site sans risquer d’aggraver son handicap.

Une démarche en lien avec les services de santé au travail

Suivie chez son précédent employeur comme chez SPID par le même médecin du travail, issu du service Santé au travail en Mayenne (SATM), Lydie bénéficie de cette continuité. Plusieurs ergonomes de ce même service planchent simultanément sur son aménagement de poste qui avait déjà été amorcé chez son précédent employeur avant d’être laissé de côté. La réflexion est menée en concertation avec Lydie, l’ingénieur sécurité de SPID et sa direction. Au total, la mise en œuvre globale ne prend pas plus d’un mois.

Sur un plan budgétaire, le coût du véhicule et du diable reviennent à l’employeur. L'Agefiph pour sa part apporte un cofinancement pour l'acquisition de la rampe amovible et le surcoût occasionné par la boîte automatique.

L’expérience de Lydie déclenche une réflexion plus globale au sein de l’entreprise

Chez Spid, le cas de Lydie a été un élément déclencheur. Nathalie Georget, l’ingénieur sécurité, et Élisabeth Bénard, juriste, ont depuis entamé une réflexion plus globale liée au devenir des agents vieillissants. « Soumis à des contraintes physiques plutôt rudes, ces personnels ne parlent jamais de leurs difficultés ou de leurs douleurs, par peur de passer pour moins performants et de perdre leur emploi. Nous sommes en train de sensibiliser l’ensemble du personnel afin que les salariés concernés par cette démarche puissent exprimer librement ce qu’ils ressentent. Avec l’aide d’une collègue titulaire d’une formation aux gestes et postures, nous allons progressivement mettre en place ces apprentissages et de petits exercices à faire chez soi pour soulager certaines douleurs. Nous étudions aussi différents matériels plus doux pour les articulations afin de prévenir les maladies invalidantes. Il est important de prendre soin de ces personnes et de les valoriser. Elles en ont besoin » .

Le témoignage

Bénard Élisabeth, Juriste

« Lydie veut montrer qu’on peut travailler avec un handicap »

« Avec Lydie, les choses ont été simples à mener parce qu’elle a parlé immédiatement de son handicap et qu’elle continue de le faire très ouvertement avec les personnes de son équipe. Elle leur a expliqué les raisons pour lesquelles elle avait un véhicule adapté. Par ailleurs, c’est quelqu’un de très dynamique, qui ne se plaint pas et surtout qui ne souhaite pas de traitement de faveur. Elle veut montrer qu’on peut travailler avec un handicap. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Spid
  • Activité : Nettoyage
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif entreprise : 151
  • Effectif TH de l'entreprise : 4
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Bénard Élisabeth (juriste) :
    ebenard@aprolliance.fr
  • Mise à jour : 08/09/2009

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : handicap moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : non
  • Financement : SPID, Agefiph
  • Partenaires : médecin du travail et ergonomes de Santé Au Travail en Mayenne (SATM)
Thématique
Publié le 29 septembre 2010