Témoignage Entreprise

Informa’truck forme et embauche des réparateurs informatiques itinérants

Créée dans l’Oise et en cours de développement sur les Hauts-de-France, le start up emploie des personnes handicapées en reconversion et éloignées de l’emploi, les forme au métier de réparateur et leur aménage des camions-ateliers pour intervenir en milieu rural

Un service itinérant de réparation informatique

Electronicien de formation, Cyril Noury s’est spécialisé en 2017 dans la réparation et la maintenance informatique pour les particuliers. Après avoir ouvert deux boutiques dans le département de l’Oise, il imagine un concept d’ateliers mobiles qui interviendraient sur des dépannages dans les zones rurales. Son constat est le suivant : en France, près de 21 millions de personnes vivent à plus de 30 minutes des centres urbains où leur matériel défectueux (ordinateurs, téléphone, tablettes…) peut être pris en charge. Un réseau de camions-ateliers itinérants permettrait de faire venir à eux des techniciens compétents avec tout le matériel de réparation adapté.

Telle est la vocation de la société qu’il crée en 2019 : Informa’Truck se présente comme une « start up à impact » engagée dans la lutte contre l’exclusion numérique et pour une utilisation plus durable du matériel informatique et électronique. Mais son projet comporte également un important volet social. Les secteurs ruraux qu’il vise comptent de nombreuses personnes éloignées de l’emploi, souvent en raison d’un handicap. Certaines d’entre elles sont susceptibles d’être formées à la maintenance informatique et de prendre le volant d’un camion atelier. L’idée de Cyril Noury est de recruter uniquement parmi ces publics. « Cela m’est venu naturellement parce que j’employais déjà deux salariés reconnus travailleurs handicapés dans mes boutiques », explique-t-il.

Formations au poste, camions adaptés

Janousik est le premier « Tech’Trucker » à prendre le volant d’un camion-atelier Informa’Truck. Cet ancien menuisier, âgé d’une trentaine d’années, a dû abandonner son métier en raison de problèmes de dos et de jambes. Accompagné par Cap emploi, il a acquis les bases de la réparation informatique et électronique pendant une période intensive de deux mois et demi, directement au sein de l’entreprise. « Il n’existe aucune formation dédiée à ce métier de réparateur. Je l’ai donc formé moi-même », indique Cyril Noury pour qui l’enjeu, à l’avenir, serait de créer un cursus qui permettrait de certifier les futurs techniciens.

Côté matériel, le camion-atelier de Yan a été aménagé suite à l’intervention d’un ergonome financé par l’Agefiph. Il est équipé d’une barre assis-debout et d’une table de travail double lui permettant de varier les postures. « Tout est optimisé. L’aménagement des camions est modulable de manière à ce que chaque technicien dispose d’un véhicule personnalisé, adapté à ses besoins réels », poursuit le fondateur de la société, qui n’envisage d’embauches qu’en CDI.

Quant à la semaine de travail, elle est organisée sur trois jours avec des journées fractionnées de 8 à 10 heures.

Trois camions-ateliers sont aujourd’hui en circulation mais une demi-douzaine de techniciens, actuellement en formation, prendront le volant d’ici quelques semaines.

Essaimage sur les Hauts-de-France

Pour sourcer ses candidats, Cyril Noury s’est constitué un réseau s’appuyant principalement, pour l’instant, sur Cap emploi et sur le centre de réadaptation Le Belloy de Saint-Omer-en-Chaussée, près de Beauvais, qui forme des développeurs informatiques. Dans une perspective de développement sur toute la région Hauts-de-France, il a également pris contact avec l’entreprise adaptée Compéthance de Villeneuve-d’Ascq, spécialisée dans les services numériques (ESN), l’association H'up qui accompagne​​ les entrepreneurs en situation de handicap, et le ministère des Armées qui veille au reclassement de blessés de guerre.

« L’objectif est d’aller chercher des gens ayant une appétence technique. Le seul véritable prérequis est d’être titulaire du permis B depuis plus de 3 ans et de vouloir apprendre à dépanner des appareils », précise-t-il.

Le principe de la formation s’appuie désormais en partie sur le « co-trucking » : chaque nouveau candidat est formé au poste par un technicien déjà expérimenté, après avoir terminé le parcours d’apprentissage en atelier.

Avec le temps, elle s’est également enrichie d’interventions ponctuelles de spécialistes externes, sur des domaines très ciblés comme la réparation de smartphones et de consoles de jeu. Selon les besoins, l’entreprise mobilise aussi régulièrement des intervenants spécialisés (addictologue, hypnothérapeute, coach en confiance en soi) pour accompagner certains stagiaires.

Informa’Truck développe actuellement son activité sur le territoire de la Picardie. L’ambition du start up est de couvrir toute la région Hauts-de-France d’ici fin 2023 avec 11 camions-ateliers et une vingtaine de Tech’Truckers.

TÉMOIGNAGE

Cyril Noury, gérant de la société « Il y a là un vrai gisement d’emploi »

Réduire la fracture numérique tout en facilitant l’inclusion de personnes handicapées, c’est un beau projet pour une entreprise à vocation sociale et solidaire ! Mon expérience avec des collaborateurs handicapés m’a convaincu que le projet est tout à fait viable, qu’on peut être inclusif, utile et performant. La réparation informatique et électronique de premier niveau est facilement accessible à des publics en reconversion ou sans qualification particulière. Il y a là un vrai gisement d’emploi, y compris en ruralité.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Informa’truck

Activité : services aux particuliers

Région : Hauts-de-France

Effectif : 5 techniciens + 4 associés fondateurs

Effectif TH : 2

Contact : Cyril Nour, gérant – c.noury@cn-tech.fr

Mise à jour : 05/07/2023

FICHE TECHNIQUE

 

Nombre de personnes handicapées concernées : 7

Type de handicap : -                                                                         

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Agefiph, Informa’truck

Partenaires : Cap emploi Oise, centre de réadaptation Le Belloy (Saint-Omer-en-Chaussée), ministère des Armées (reclassement des blessés de guerre), H’up, entreprise adaptée Compéthance

Thématique
Publié le 8 septembre 2023