Témoignage Entreprise

La Maison de retraite Saint-Antoine maintient simultanément deux aides-soignantes dans l’emploi

La démarche engagée par l’établissement pour permettre aux deux salariées de continuer à travailler a été l’occasion de réaliser des aménagements au bénéfice de tous et de renforcer l’équipe.

L'expérience

Deux salariées touchées par l’usure professionnelle

Depuis près de 20 ans, Nathalie et Eliane travaillent comme aides-soignantes à la maison de retraite Saint-Antoine de Tardets, à une trentaine de kilomètres d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantique). L’établissement compte une soixantaine de lit en EHPAD, dont 11 en unité Alzheimer et 15 en Soins de Suite et de Réadaptation (SSR). En 2017, presque simultanément, les deux collègues se retrouvent en arrêt maladie en raison de douleurs au dos et aux épaules. Dans la profession, les troubles musculo-squelettiques sont fréquents une fois passé la quarantaine. « Nous connaissons bien ces situations et faisons en sorte de les prévenir au maximum, explique Arnaud Villeneuve, le directeur, mais le métier reste très physique, d’autant plus que les nouveaux résidents arrivent aujourd’hui à un âge plus avancé que par le passé. Les aides-soignantes sont donc amenées à les manipuler davantage. »

Malgré leurs difficultés, Nathalie et Eliane souhaitent continuer à travailler. Pour la direction de l’établissement, il n’est de toutes façons pas envisageable de licencier des salariées qui, d’une certaine manière, paient le prix de leur engagement professionnel. Faute de possibilités de reclassement interne, l’enjeu est de leur permettre de continuer à exercer leur métier sans aggraver leur état de santé.

 

Une étude ergonomique globale

Afin de rechercher les solutions susceptibles d’être mises en œuvre, l’Ehpad sollicite l’OETH qui mandate la SAMETH pour évaluer  la situation des deux salariées, activité par activité. Nathalie et Eliane ne travaillant pas dans le même service, une étude ergonomique globale des postes d’aide soignante est préconisée. Elle est réalisée par un cabinet spécialisé qui recommande un certain nombre d’aménagements, notamment celui de l’office de l’unité Alzheimer, où le mobilier est remis à hauteur pour éviter les mouvements inutiles, ainsi que l’achat de matériel : un lève-malade pour aider à la manipulation des résidents les plus dépendants, un dispositif permettant de relever les personnes tombées à terre, un chariot de petit-déjeuner plus adapté… Ces acquisitions sont financées dans le cadre de l’accord handicap du secteur sanitaire, social et médico-social privé non lucratif.

 

Une aide humaine via la reconnaissance de la lourdeur du handicap

Mais les aides techniques ne font pas tout. La compensation du handicap intervient aussi sur le plan organisationnel. Les deux salariées ayant repris le travail en mi-temps thérapeutique, une double démarche de reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) a permis d’obtenir des financements pour réaliser une embauche au titre de l’aide humaine. La personne ainsi intégrée à l’équipe intervient en complément des deux salariées et les remplace ou les aide sur certaines tâches qu’elles ne peuvent plus réaliser seules. Nathalie et Eliane ne travaillant pas dans le même service, cela nécessite quelques adaptations d’organisation de la part de la direction, mais cet appui supplémentaire apporte finalement une plus grande souplesse au quotidien et contribue à limiter le travail sous tension.

« L’avantage de toute cette démarche, conclut Arnaud Villeneuve, c’est qu’elle ne bénéficie pas seulement aux deux intéressées, mais aussi à l’ensemble de l’équipe. »

 

Le témoignage

Arnaud Villeneuve, directeur de la maison de retraite Saint-Antoine

« Des solutions parfois très simples auxquelles nous n’avions pas pensé »

L’usure professionnelle de nos salariés est une préoccupation pour nous. Nous travaillons sur des actions de prévention avec la Carsat et avons déjà fait l’acquisition de matériel pour alléger les sollicitations physiques. Mais la démarche de maintien dans l’emploi permet d’aller plus loin, d’apporter un œil extérieur, et de proposer des solutions parfois très simples auxquelles nous n’avions pas pensé.

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Ehpad Saint Antoine
  • Activité : Éducation, santé, action sociale
  • Région : Nouvelle Aquitaine
  • Effectif entreprise : 54 ETP
  • Effectifs TH : 6
  • Contact : Arnaud Villeneuve, directeur – a.villeneuve@maison-saintantoine.com

La fiche technique

  • Nombre de personnes handicapées concernées : 2
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

  • Financements : OETH, Carsat, aides de droit commun (RLH)
  • Partenaires : Agefiph, SAMETH, cabinet d’ergonomie
Publié le 25 avril 2019