Témoignage Entreprise

Le Club Olympique Rouézien recrute un éducateur sportif paraplégique

Alors qu’il recherche un éducateur pour encadrer ses activités, le club sarthois retient le CV de Mickaël, ancien entraîneur de foot. En découvrant que son candidat est en fauteuil roulant, il décide de miser sur ses compétences, d’aménager son poste et de bousculer, au passage, les idées reçues.


L'expérience

Fiche rédigée le 13/10/16

Coup de cœur pour le profil atypique de Mickaël

À l’été 2012, le Club Olympique Rouézien souhaite recruter un éducateur sportif pour soutenir son développement. Implantée sur la commune de Rouez-en-Champagne (800 habitants), l’association multisports, qui compte 160 adhérents, recherche une personne pouvant encadrer la pratique sportive d’enfants, d’adolescents et d’adultes, et assumer quelques tâches administratives à raison de 20 heures par semaine.
Parmi les CV qui lui sont proposés, Ludovic Robidas, responsable du Club, est spontanément attiré par le profil de Mickaël. Lors du premier rendez-vous à l’agence Pôle emploi, le jour de l’entretien, le responsable de l’association sportive découvre que le candidat qu’il a retenu est en fauteuil roulant. L’échange qu’ils ont le conforte cependant très vite dans son choix. Pour lui, c’est une évidence, cet ancien entraîneur de foot, devenu paraplégique 15 ans plus tôt suite à un accident de moto, a toute sa place au sein du Club.

Des solutions innovantes pour accueillir un salarié handicapé

Mais recruter un éducateur sportif en fauteuil roulant suppose quelques aménagements. En découvrant les différentes préconisations formulées par les services de santé au travail suite à la visite de pré-embauche, le responsable du club a soudain le sentiment de se retrouver face à « un mur d’impossibilité » . Le coût des aménagements demandés dépasse de loin les moyens de l’association. Après des recherches sur Internet, Ludovic se rapproche d’abord de Cap Emploi qui l’oriente vers le Sameth 72 et l’Agefiph. Le cabinet spécialisé, mandaté pour réaliser, l’étude du poste de Mickaël ne fait que confirmer la pertinence des préconisations de la médecine du travail. Mais la démarche engagée permet d’obtenir les financements nécessaires en sollicitant simultanément la mairie de Rouez-en-Champagne et l’Agefiph.
Les vestiaires de la salle des sports sont alors équipés d’une douche avec un siège adapté. Une cloison est déplacée dans une pièce de stockage de matériels pour en faciliter l’accès. Le maire de la commune propose de mettre à la disposition de Mickaël un bureau accessible dans les locaux de la mairie, situés à proximité du club.
En quelques semaines, tous les aménagements sont achevés.
Le Club a conservé à sa charge l’acquisition d’un fauteuil roulant de sport pour son nouvel éducateur sportif. Pour réunir les 3 000 euros nécessaires, il lance une souscription auprès de la communauté des adhérents, et organise une tombola avec l’appui de ses partenaires habituels. La somme est collectée en 10 jours.

Un diplôme d’Etat pour consolider la fonction de Mickaël au sein du Club

En vue de sa première rentrée au club, en septembre 2012, Ludovic et Mickaël ont anticipé les questions qui ne manqueront pas de lui être adressées sur son handicap, ses difficultés, son quotidien. Dès les premiers cours, les bénévoles du conseil d’administration épaulent l’éducateur et rassurent les plus incrédules. La confiance s’installe rapidement. Dans le même temps, le Club lui finance une formation de six mois pour obtenir le Certificat de Qualification Professionnelle Animateur de loisirs sportifs, un diplôme d’Etat qui complète son BAFA. Dispensée par les Céméa (Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active), la promotion à laquelle se joint Mickaël réunit de futurs éducateurs sportifs qui ont une démarche inverse à la sienne : eux sont valides et s’apprêtent à encadrer des sportifs handicapés… De cette expérience forte et riche, Mickaël sort major de promo. « Mickaël est aujourd’hui une personne épanouie, reconnue pour ses compétences et unanimement appréciée », observe Ludovic.
Depuis la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires, en 2014, l’éducateur est aussi devenu le référent sur les temps d’activité périscolaire qu’il coordonne pour le compte de la municipalité. Laquelle, en retour cofinance une partie de son salaire.
Le Club olympique rouézien comptera bientôt 450 adhérents et emploie 5 salariés dont 2 alternants.

Le témoignage

Ludovic Robidas, référent du Conseil d’administration du Club olympique Rouézien

« Nous avons initié des séances de sport entre public handicapé et valide »

« La présence de Mickaël a évidemment contribué à changer le regard qu’on pouvait avoir sur le handicap. Peu à peu, nous avons aussi assisté à la venue de nouveaux adhérents, handicapés eux aussi. Il n’était pas question de les isoler et nous avons initié les séances mixtes entre sportifs handicapés et valides. Ça marche très bien ! Il ne faut pas craindre de bousculer les idées reçues. L’essentiel, c’est de favoriser et de profiter des bons moments passés ensemble. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Club Olympique Rouézien
  • Activité : sports et loisirs
  • Région : Pays de la Loire
  • Effectif : 3
  • Effectif TH : 1
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Contact : Ludovic Robidas, référent.

La fiche technique

  • Nombre de salariés concernés : 1
  • Type de handicap : handicap moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : non
    • de formation : oui
  • Financement : Agefiph, partenaires association, Club olympique rouézien, Mairie de Rouez-en-Champagne
  • Partenaires : Pôle emploi, Cap Emploi, médecine du travail, Sameth 72, Ceméa
Publié le 28 février 2017