Témoignage Entreprise

Un ancien boucher-charcutier reconverti dans le cinéma…

Longtemps sans emploi suite à un grave accident, Morgan, 33 ans, a réussi une reconversion inattendue grâce à l’entreprise Machino, spécialisée dans la fabrication de matériel destiné aux tournages de cinéma.


L'expérience

Article rédigé le 30/04/08

Du matériel sur mesure pour les tournages

« Du matériel conçu par des machinos pour des machinos ! » . Tel est le slogan de la SARL Machino créée en 2003 par Lucien Morin et ses associés, François Comparot, Erwan Becquelin et Pierre-Loup Corvez. La petite entreprise, dont l’atelier est installé à Saint-Jean-sur-Vilaine, fabrique du matériel de machinerie destiné aux tournages de cinéma.

Ancien légionnaire, Lucien Morin, électro-mécanicien de formation, s’est lancé dans ce projet d’entreprise après un grave accident qui l’a laissé partiellement handicapé. « Personne ne voulait de moi. Un jour, je me suis fait engager comme gardien de décor sur un tournage de Jean Yanne, à Rennes. C’est comme ça que je suis entré dans le petit milieu du cinéma. » La SARL Machino fabrique le matériel sur mesure, en fonction des besoins des clients, le propose à la vente ou à la location, et détache ses machinistes sur les tournages. La petite entreprise bretonne a ainsi apporté son savoir-faire à des films tels que « Rush Hour », « Eden Log », « Dante 01 » ou « Max Jacob », le dernier film de Jean-Claude Brialy.

Recruté sur son état d’esprit plus que sur ses compétences

« Au départ, je travaillais tout seul à l’atelier, mais l’activité se développant, nous avons dû embaucher », raconte Lucien Morin. L’entreprise prend contact avec l’ANPE et rencontre plusieurs candidats, dont Morgan Aubin, 33 ans, envoyé par l’association Appui. Sans activité depuis trois ans, cet ancien boucher-charcutier a dû abandonner son métier suite à un grave accident de la route. « Il ne connaissait rien à notre métier, mais le courant est passé tout de suite. Notre ambition est de développer une entreprise “différente” où chaque salarié est autonome, pleinement responsable. Morgan avait exactement l’état d’esprit que nous recherchions. C’était sans doute le moins qualifié mais le plus en phase avec notre projet. » À défaut de trouver les financements pour un stage de formation, Lucien Morin choisit de former lui-même le jeune homme. « Cela a été intensif. Nous avons travaillé ensemble pendant six mois. Il a appris le travail de l’alu, la soudure, l’usinage des pièces et il maîtrise aujourd’hui parfaitement son boulot. »

Des aménagements pour éviter le port de charges

Depuis son accident, Morgan doit éviter le port de charges lourdes. Avec l’aide de l’association Appui, l’entreprise obtient un cofinancement de l’Agefiph pour l’acquisition de matériel adapté : une machine de découpe de l’aluminium équipée de rouleaux pour faire défiler les barres, un système de palans pour transporter les charges lourdes. « Ces aides sont bien sûr importantes pour de petites entreprises comme la nôtre, mais c’est surtout le soutien apporté aux personnes handicapées qui est essentiel. Quand on n’a pas travaillé depuis trois ans, on a besoin d’être soutenu », insiste Lucien Morin.
Peu de temps après l’embauche du jeune homme, Machino recrute un menuisier. Sa présence à l’atelier pendant que les équipes sont en tournage permet d’apporter une aide à Morgan pour certaines manipulations de matériel.

Des salariés autonomes et responsables

L’entreprise compte aujourd’hui une dizaine de salariés et occupe bien sa place dans le petit monde du cinéma et de la télévision. Conformément au souhait des associés fondateurs, chacun est responsable de sa partie. « Ni contrainte horaire ni pression hiérarchique. Mais le travail doit être fait et bien fait, souligne Lucien Morin. Depuis le début, nous fonctionnons à la confiance et ça marche très bien. Tous les membres de l’équipe se sentent ainsi réellement investis. » Dans le même esprit, Morgan participera prochainement à son premier tournage, à Brest. « Normalement, il travaille à l’atelier mais il est important qu’il connaisse également l’atmosphère des plateaux et mesure concrètement à quoi sert son travail », explique son employeur.
L’équipe s’est récemment enrichie d’une nouvelle venue, Josiane, également handicapée. Elle vient à l’atelier une à deux fois par semaine et assure des tâches de rangement, de nettoyage. « Son rôle va au-delà, précise Lucien Morin. Elle apporte du lien, un regard différent, une touche féminine qui est très importante dans une équipe masculine. »

Le témoignage

Morin Lucien, co-gérant

« Un engagement à la mesure de la confiance accordée par l’entreprise »

« Il est difficile d’expliquer pourquoi j’ai choisi Morgan. Disons qu’il avait quelque chose en plus que les autres candidats, même s’il ne maîtrisait pas le métier. Après trois ans d’inactivité, il était très motivé. Il a appris vite et fait aujourd’hui de l’excellent travail. Comme pour tous les membres de l’équipe, son engagement est à la mesure de la confiance et de la reconnaissance accordées par l’entreprise. C’est cet état d’esprit qui permet à notre société d’avancer. »

La fiche d'identité de l'entreprise

  • Entreprise : Machino
  • Activité : Fabrication de matériel de machinerie
  • Région : Bretagne
  • Effectif entreprise : 10
  • Effectif TH de l'entreprise : 2
  • Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0
  • Accord d’entreprise : NON
  • Convention Agefiph : NON
  • Contact : Morin Lucien (co-gérant) :
  • Mise à jour : 20/05/2008

La fiche technique

  • Nombre de personnes concernées : 2
  • Type de handicap : moteur
  • Aménagements :
    • techniques : oui
    • organisationnels : oui
    • formation : oui
  • Financements : Machino, Agefiph
  • Partenaires : ANPE, Association Appui
Publié le 27 septembre 2010