Une jeune salariée sourde embauchée en CDI dans les ateliers Louis Vuitton

L'expérience

Article rédigé le 05/12/07

Louis Vuitton en phase de recrutement

C'est dans les ateliers d'Issoudun et de Condé, dans l'Indre, qu'est fabriquée une partie des articles de maroquinerie portant la griffe de Louis Vuitton. Depuis une vingtaine d'années, près de 500 opérateurs y travaillent au montage et à l'assemblage de produits de la célèbre marque de luxe. Devant le développement de son activité, l'entreprise a beaucoup recruté sur l'ensemble de ses sites en 2006 et 2007, ce qui lui a permis, loi « Handicap » aidant, de s'engager dans une démarche plus volontariste que par le passé en matière d'insertion professionnelle des personnes handicapées. Comme l'explique Sylvie Averton, responsable des ressources humaines à Issoudun, tous les ateliers de France ont été invités à établir des partenariats locaux avec différents acteurs de l'insertion.
Dans le cadre de cette démarche, Sylvie Averton se rapproche de Cap emploi Indre. Après plusieurs entretiens et une visite des ateliers par un conseiller, elle se voit proposer la candidature de Marie. Précédemment employée chez un tapissier décorateur parisien, la jeune femme, sourde et muette de naissance, est sans emploi depuis son installation dans la région.

Du tutorat à la complicité

Le profil et l’expérience de Marie correspondent parfaitement aux attentes de l’entreprise. Elle intègre le processus de recrutement ordinaire, constitué de différents tests d’évaluation et d’entretiens avec la responsable des ressources humaines. Après quoi elle signe un CDD de trois mois et commence sa formation aux process internes. Pour faciliter son intégration, une opératrice, déjà habituée à la communication par gestes par expérience familiale, se porte volontaire pour assumer le rôle de tutrice. Au départ, cet accompagnement est envisagé de façon très provisoire, mais la complicité entre les deux femmes les conduira par la suite à constituer un véritable binôme qui perdurera finalement au gré des affectations de poste. Marie signe son CDI en février 2007.
Hormis une salariée également sourde, présente dans l’équipe depuis près de 20 ans, personne ne maîtrise la langue des signes dans l’entreprise et Marie ne pratique pas la lecture labiale. Mais la communication s’établit sans grande difficulté avec ses collègues, par geste ou par écrit.

Un partenariat étroit avec  Cap emploi

« Pour notre première rencontre, nous avions eu recours à un interprète en LSF, mais j'ai mené le deuxième entretien avec Marie uniquement par écrit. Lors des tests pratiques en ateliers, nous avons accepté qu'elle soit accompagnée par sa mère qui lui a traduit les instructions. », confie Sylvie Averton.

Sur le plan de l'organisation interne, toutes les communications intéressant l'atelier, notamment celles émanant du chef d'équipe, sont désormais rédigées, et lors de réunions ou manifestations particulières (vœux, remise de médailles du travail…), un interprète est systématiquement convoqué. Durant la première année, ces interventions ont été partiellement financées par l'Agefiph. De son côté, Cap emploi a assuré un suivi régulier pendant la période d'intégration. « Nous sommes en contact en permanence, poursuit Sylvie Averton, car Cap emploi nous envoie des candidatures et nous conseille, par exemple pour notre déclaration annuelle de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés. »

Deux nouveaux recrutements en cours

Le recrutement de Marie a permis à l'entreprise d'être primée par le Medef dans le cadre des « Trophées Entreprises et Handicap » . Quelques mois après l'arrivée de la jeune femme, Sylvie Averton a eu la surprise de recevoir la candidature du compagnon, malentendant profond. Cet ancien magasinier suit le même processus de recrutement que sa compagne. Il devrait être définitivement embauché après sa période de formation.

Enfin, à l'occasion de la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées, en novembre 2007, une troisième personne, affectée de problème de dos, a été accueillie dans un atelier dans le cadre de l'opération « Un jour, un métier en action » organisée par l'Agefiph. Intéressée par le métier, elle a postulé et sa candidature a été retenue. Son embauche dépend désormais des tests d'évaluation à venir.

* Pour préserver l’anonymat de la personne, le prénom a été changé

Le témoignage

Averton Sylvie, responsable des ressources humaines

« La présence de Marie suscite un sentiment de fierté dans l’atelier »

« Le recrutement de Marie intervient dans un contexte où l’entreprise se lance dans une démarche proactive en matière d’emploi des personnes handicapées. Nous avons beaucoup communiqué en interne sur son entrée dans l’équipe, mais aussi sur le trophée que nous avons reçu et sur notre participation à la Semaine pour l’emploi. Manifestement, le personnel adhère à la démarche et l’accueil qui a été réservé à Marie en atteste. Je pense que sa présence suscite un sentiment de fierté dans l’atelier. »

La fiche d'identité de l'entreprise

• Groupe : LVMH
• Entreprise : société des ateliers Louis Vuitton
• Etablissement : société des ateliers Louis Vuitton (Issoudun)
• Activité : Industries des biens de consommation
• Région : Centre
• Effectif entreprise : 2 662
• Effectif etablissement : 494
• Effectif TH de l'entreprise : 108
• Effectif TH de l'etablissement : 37
• Unités valorisables au titre de la sous-traitance : nc
• Accord d’entreprise : NON
• Convention Agefiph : NON
• Contact : Averton Sylvie (responsable des ressources humaines) :
  s.averton@fr.vuitton.com
• Mise à jour : 02/01/2008

La fiche technique

• Durée de mise en œuvre : 3 mois (phase de formation/intégration en CDD)
• Nombre de salariés concernés : 1
• Type de handicap : auditif
• Aménagements :
  • techniques : non
  • organisationnels : oui
  • de formation : oui
• Financement : Agefiph, Louis Vuitton
• Partenaires : Cap emploi Indre, service d'interprète en langue des signes