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Interview de Christophe Roth, président de l'Agefiph

Christophe Roth, président de l'Agefiph

35 ans après la promulgation de la loi de 1987, quel bilan pour l’action de l’Agefiph et quelles perspectives ? Réponses avec Christophe Roth son président. 

« Notre attention va se concentrer sur deux publics : les jeunes et les seniors »

Quels enseignements tirez-vous de 35 années d’action de l’Agefiph ?

35 ans est un âge de maturité qui nous permet de prendre le temps du recul pour analyser le chemin parcouru depuis 1987. Nous pouvons souligner comme avancée positive que près d’un million de personnes en situation de handicap sont en emploi dans le secteur privé, public, adapté et protégé. Le regard sur le handicap a évolué dans le bon sens, le nombre toujours plus élevé de personnes qui font une demande de Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) le prouve. Toutefois, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap dans le secteur privé est de 3,5% alors que la loi de 1987 visait 6%. Les idées reçues sont encore trop nombreuses sur les compétences des personnes en situation de handicap et sur le handicap, en particulier psychique ou cognitif. 80% des handicaps sont invisibles, et nos enquêtes révèlent que trop peu le savent. Aujourd’hui, il reste du chemin à parcourir pour construire une société inclusive et atteindre le plein emploi des personnes en situation de handicap. La convention qui lie l’Agefiph à l’État structure nos travaux avec un engagement sur quatre axes : amplifier l’accompagnement des entreprises, soutenir le développement des compétences des personnes en situation de handicap par la formation et l’alternance, sécuriser les parcours des personnes en situation de handicap avec notre offre de services et d’aides et développer des partenariats par une offre partagée et concertée.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Continuer à faire progresser le taux d’emploi pour dépasser les 4% d’ici fin 2024 au terme de ma mandature. Je suis convaincu que cela est possible. Des secteurs sont en tension avec un fort besoin de main-d’œuvre comme par exemple le numérique, le tourisme, la grande distribution, le transport… C’est une opportunité pour les personnes en situation de handicap qui veulent se diriger vers ces emplois. Nous avons également comme objectif d’aider les entreprises à intégrer le handicap dans leurs stratégies en ressources humaines. Notre attention va se concentrer sur deux publics : les jeunes et les seniors. Pour les premiers, qui sont des primo entrants sur le marché du travail, nous avons un enjeu fort à mieux leur faire connaître l’offre de services et d’aides de l’Agefiph, à bien les informer sur les moyens auxquels ils peuvent prétendre et à faciliter leur parcours dans l’emploi. Pour les seniors, les personnes de plus de 45 ans, le sujet est celui du maintien dans l’emploi. Avec le vieillissement, des situations de handicap physique et psychique peuvent s’aggraver ou émerger du fait par exemple d’une maladie invalidante. Nous pouvons actionner des leviers pour travailler sur ce maintien, notamment dans le cadre du nouveau Plan santé au travail dans le cadre duquel l’Agefiph est activement engagée. L’Agefiph travaille également sa stratégie 2023-2027 qui doit prendre compte l’évolution et l’organisation des conditions de travail, en s’appuyant sur le retour d’expérience de la période de crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid et du confinement, en réfléchissant par exemple sur les apports du télétravail pour certaines personnes en situation de handicap.

Quels sont les éléments qui permettent d’être confiants dans l’atteinte des objectifs ?

Nos parties prenantes au sein du conseil d’administration de l’Agefiph sont très impliquées, le collège des employeurs, les confédérations représentatives des partenaires sociaux, les personnes qualifiées désignées par l’État et les associations qui sont des acteurs clés pour la diffusion de notre offre de services et d’aides. Le maillage territorial assuré par les délégations de l’Agefiph en région et dans les territoires ultra-marins est également essentiel, la proximité est indispensable pour être au plus près des besoins des entreprises et des personnes en situation de handicap. Une autre force est l’obligation de désigner des référents handicap créée par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018. Les référents handicap facilitent l’essaimage de bonnes pratiques au sein des entreprises et des organismes de formation. Le réseau des référents handicap porté par l’Agefiph permet d’encourager les synergies au sein de tout l’écosystème des acteurs de l’emploi et du handicap. L’Université du Réseau des Référents Handicap initiée par l’Agefiph en 2020 renforce cette dynamique avec des échanges d’expériences et la mise en visibilité de son offre de services et d’aides mais aussi, car elle n’agit pas seule, de tous ses partenaires, Pôle emploi, Cheops, le réseau des Cap emploi, le FIPHFP mais aussi des associations comme ETCLD, l'association gestionnaire du fonds d'expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée Territoires Zéro Chômeur de longue durée, et bien d’autres encore. L’engagement en faveur d’une société plus inclusive, une dynamique partenariale active, associés aux besoins en compétences des entreprises créent de belles opportunités. Nous ne devons pas les rater.

Discours de Christophe Roth, le 6 juillet 2022

Interventions de membres du CA de l'Agefiph. Collèges salariés, associatif, employeurs

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Publié le 7 juillet 2022