Témoignage Entreprise

ALTERNANCE/FORMATION D’UNE PERSONNE HANDICAPÉE

Le restaurant Le Prélandon forme un jeune serveur trisomique en alternance

Accueilli en stage de découverte au sein de l’établissement sarthois, Louis a séduit le patron, Sébastien Sémonin, et son équipe. Il est aujourd’hui embauché en apprentissage pour une durée de trois ans et prépare un CAP adapté dans un lycée hôtelier du Mans.

Un appel sur les réseaux sociaux

À Spay, près du Mans, Sébastien Sémonin dirige le Prélandon, un restaurant traditionnel qui emploie six personnes, salariés et apprentis. En 2020, en pleine période de pandémie, le restaurateur prend connaissance d’un message envoyé par une jeune femme sur les réseaux sociaux : elle cherche désespérément un stage pour son frère, porteur de trisomie 21. Louis, alors âgé de 22 ans, a fait le plus gros de sa scolarité en milieu ordinaire, en Clis (classe pour l’inclusion scolaire) et en classe Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire). Isolé après avoir quitté le lycée, il a désormais besoin de trouver une activité pour avancer dans la vie et apprendre un métier. Afin de l’aider dans ce processus mais aussi de contrer les effets mortifères des confinements successifs, ses parents ont déjà fait appel à Stéphanie Lebeau, une éducatrice spécialisée installée en libéral. Elle connaît bien le jeune homme pour avoir été son assistante de vie scolaire. Elle l’accompagne au quotidien afin de l’aider à progresser vers davantage d’autonomie et éviter qu’il ne se retrouve en situation de rupture. Touché par cet appel, Sébastien Sémonin répond qu’il est prêt à accueillir Louis dans son établissement dès qu’il le pourra pour une période de découverte mais le projet n’aboutit pas dans l’immédiat. À l’automne 2021, le restaurateur est recontacté par l’éducatrice. Cette fois, il n’hésite pas : Louis intègre Le Prélandon pour une période de stage d’un mois.

Le pari de l’apprentissage

« Cela a tout de suite été un coup de cœur pour moi-même comme pour l’équipe ! », confie Sébastien Sémonin. Louis, qui n’a aucune expérience de la restauration, se voit d’abord confier quelques tâches simples en salle, comme le dressage des tables. Il est discret, timide, mais apprend vite. « Au bout de trois semaines, il avait déjà fait de nets progrès. C’est pour ça qu'on a décidé de le garder avec nous », poursuit le restaurateur. Ayant désormais un employeur, Louis peut envisager un apprentissage. Il est admis au lycée hôtelier Sainte-Catherine du Mans, où il intègre une classe de CAP. Il est convenu qu’il suivra sa formation de serveur sur trois ans. Compte tenu de son handicap, il est dispensé de cours théoriques et ne passera pas l’examen final mais il bénéficiera, à terme, d’une reconnaissance de ses compétences. Au restaurant, son planning et ses horaires sont adaptés : il travaille quatre jours par semaine, du lundi au jeudi, de 10 à 14 heures. « Les filles en salle l’accompagnent bien mais nous avons fait en sorte qu’il travaille quand je suis moi-même présent pour que tout ne repose pas sur elles car c’est tout de même une tâche supplémentaire que de l’encadrer. » Louis est par ailleurs exempté de service le vendredi, jour de forte affluence.

Un statut, un salaire, un avenir

Au fil des semaines, le jeune serveur gagne en assurance. S’il a besoin de temps pour intégrer ses tâches, il est très observateur et se montre particulièrement méticuleux. Bien qu’il n’en ait pas l’obligation, il revêt tous les jours la tenue de serveur avec chemise blanche, pantalon et chaussures noirs, tel qu’on le lui a enseigné au lycée hôtelier. Au plan relationnel, il gagne aussi rapidement en assurance avec les clients qui le connaissent bien, désormais. « Louis est courageux, appliqué, plein de bonne humeur. Il gagne chaque jour un peu plus en autonomie et prends des initiatives. On sent qu’il prend du plaisir. Cela rejaillit sur toute l’équipe », se félicite son employeur. Sans compter que le jeune serveur, hier totalement isolé, possède désormais un statut et un salaire. Une source supplémentaire de fierté et de motivation pour lui en même temps qu’un motif de soulagement pour ses parents, qui se battent depuis toujours pour qu’il s’épanouisse. Son éducatrice, Stéphanie Lebeau constate elle aussi ces avancées. Elle fait régulièrement le lien entre le restaurant et la famille. « J’apporte un regard extérieur à l’équipe et je relaie les parents qui ont compris l’intérêt de rester en retrait de la vie d’adulte de leur fils. » S’il est beaucoup trop tôt pour parier sur l’avenir, Sébastien Sémonin est convaincu que Louis saura s’affirmer professionnellement avec le temps. « Je témoigne volontiers de cette expérience car je voudrais donner envie à d’autres restaurateurs de se lancer. Ces jeunes ont des compétences et une énorme motivation, il faut les aider à se former. »

TÉMOIGNAGE

Sébastien Sémonin, gérant du restaurant Le Prélandon « C’est vraiment une belle aventure humaine »

Le point de départ de toute cette histoire, c’est vraiment un coup de cœur. Louis nous a donné envie de croire en lui et de l’intégrer chez nous. Cela demande un petit effort de la part de toute l’équipe, il ne faut pas le cacher, mais c’est vraiment une belle aventure humaine. Tout le monde en ressort grandi.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Le Prélandon

Activité : Restauration

Région : Pays de la Loire

Effectif : 6

Effectif TH : 1

Contact : Sébastien Sémonin, gérant – resto.leprelandon@orange.fr

Mise à jour : 30/06/2022

 

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : handicap intellectuel

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : à préciser

Partenaires : lycée hôtelier Sainte-Catherine, Objectif Famille 72 (éducatrice spécialisée libérale)

Publié le 12 septembre 2022