Témoignage Entreprise

Des équipiers polyvalents embauchés dans les restaurants Cojean

L’enseigne de restauration rapide Cojean mise sur la concertation, le bouche-à-oreille et le temps pour se donner toutes les chances de bien intégrer des collaborateurs handicapés au poste d’équipier polyvalent, un métier de contact au service de la clientèle.

Amorcer une démarche de recrutement

Depuis sa création en 2001, l’enseigne Cojean s’est imposée à Paris et en Ile-de-France comme la chaîne de restauration rapide haut de gamme. Souhaitant se saisir du sujet du handicap, une petite équipe composée notamment de la responsable RSE et de Mathilde Belfort, alors directrice d’un secteur de trois restaurants, se rapproche de Cap Emploi, de l’Agefiph, d’associations spécialisées et de lycées afin de développer le recrutement.

« Nous avons fait, dans le même temps, le tour des restaurants pour sonder l’envie des directeurs de s’engager dans ce projet et, surtout, évaluer leurs capacités à s’investir. Cinq d’entre eux ont accepté de participer », se souvient Mathilde Belfort, devenue depuis directrice Recrutement et Formation du groupe.

L’ambition de Cojean n’est pas d’aller chercher des travailleurs handicapés pour « faire du chiffre » mais bien de trouver des candidats motivés, désireux de s’engager au sein de ses équipes et de se mettre au service des clients. « A nous de les positionner au bon endroit pour que tout se passe au mieux », souligne Mathilde Belfort.

Les premiers recrutements sont réalisés à partir de 2015. Ils concernent des postes d’équipiers polyvalents. Ces salariés occupent une position centrale dans chaque restaurant puisqu’ils assurent des missions d’accueil, d’accompagnement et de conseil du client, gèrent l’encaissement et interviennent aussi bien sur des tâches de nettoyage et que sur de l’assemblage en cuisine. Les nouvelles recrues sont encadrées par 2 ou 3 autres équipiers plus expérimentés, garants de leur formation.

C’est dans ce contexte que sont recrutés, en 2016, Juliette et Victor dans deux établissements du 8e arrondissement parisien. Elle rejoint le restaurant Roosevelt, lui le restaurant Bienfaisance.

 

Des postes adaptés aux possibilités de chacun

Sans formation ni expérience professionnelle conséquente, les deux jeunes stagiaires, alors âgés d’une vingtaine d’années, se voient confirmer dans leur poste en CDD puis en CDI, à l’issue de leur période de stage. Ils travaillent autour de 20 heures par semaine, soit 4 heures par jour. « Ce volume horaire est adapté à leur degré de fatigabilité, du fait de traitements médicaux, souligne Mathilde Belfort. Ils arrivent en milieu de matinée, font la pause déjeuner avec toute l’équipe avant le rush de midi, puis assurent le service. ».

Juliette et Victor ont été formés en interne et progressivement pris leur autonomie chacun à son rythme. Certains gestes ne sont pas aisés pour Victor qui présente des difficultés de motricité.

Pour organiser le service, chaque équipe s’appuie sur un process bien déterminé : fiches techniques, check-lists… Selon les besoins, certaines procédures ont pu être adaptées ou simplifiées pour Juliette et Victor. S’ils rencontrent des difficultés, ils peuvent toujours compter sur l’aide de leurs collègues, qui ont sensiblement le même âge qu’eux. Les jeunes recrues sont également suivies de près par le directeur du restaurant afin que l’accompagnement ne repose pas uniquement sur l’équipier formateur.

Crise sanitaire : le pari de l’adaptation

« Je note que les jeunes qui travaillent avec Juliette et Victor leur portent beaucoup d’attention. En cas de besoin, ils n’hésitent pas à s’interrompre pour leur venir en aide. Ils les font se sentir bien, c’est chouette à voir », constate Mathilde Belfort.

Pendant les confinements liés à la pandémie de Covid-19, les restaurants Cojean ferment au public. Puis la vente à emporter est autorisée. Les équipes s’adaptent. Les horaires de travail sont modifiés, les missions des uns et des autres aussi. Victor travaille en cuisine, où il gère la cuisson et l’emballage des pâtisseries. Plus polyvalente, Juliette se voit confier des tâches variées.

Quoique le bilan de sortie de confinement soit plutôt positif, Mathilde Belfort estime que l’anxiété suscitée a pesé sur l’esprit de chacun. Cette période inédite a confirmé le besoin et l’envie d’une formation – qui aurait dû avoir lieu avant la pandémie – à destination des directeurs et de leurs assistants sur le sujet du handicap.

Depuis, Cojean a aussi réactivé sa démarche de recrutement sans objectif de date ni d’effectifs. « On lance les offres, on rencontre des candidats et on se laisse le temps d’apprendre à se connaître pour que tout se passe bien. C’est notre méthode. »

Une méthode que Victor et Juliette ne désapprouveront pas puisqu’ils sont aujourd’hui en poste depuis près de 5 ans.

Témoignage

Mathilde Belfort, directrice Recrutement et Formation « Face au handicap, les directeurs vont chercher des ressources de management plus justes, plus douces »

« Recruter et intégrer des collaborateurs handicapés, cela prend du temps. Le retour sur investissement – si l’on raisonne en termes économiques – n’est pas immédiat. Mais si on aborde l’initiative d’un point de vue humain, c’est très différent et je n’y vois que du bon. La présence de collaborateurs présentant un handicap psychique oblige les directeurs à aller chercher des ressources de management plus justes, plus douces. J’en ai vu se transformer de manière assez radicale et devenir plus patients, plus posés, de bons managers, en somme ! Cette présence crée une solidarité dans l’équipe qui est bénéfique pour tout le monde. Une fois par mois, nous organisons une séance de remédiation avec une association extérieure qui nous aide à accompagner Juliette et Victor au mieux sur des sujets qui ont pu poser problème ou des épisodes de stress. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Cojean

Activité : Restauration

Région : Ile-de-France

Effectif : 506

Effectif TH : 7

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Accord agréé : non

Convention Agefiph : non

Contact : Mathilde Belfort, directrice Recrutement et Formation – mathilde.belfort@cojean.fr

Mise à jour : 01/07/2021

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 2

Type de handicap : psychique

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : non

- formation : non

Financements : Cojean, Agefiph

Partenaires : association dans le champ du handicap psychique

Publié le 10 août 2021