Témoignage Entreprise

Le restaurant Kioskasie s’engage pour maintenir à son poste une salariée fragilisée

Avec l’appui de Cap Emploi Aude et de l’Agefiph, Christophe Illac, gérant du restaurant, a tout mis en œuvre pour permette à une aide-cuisinière en difficulté psychique et physique de continuer à travailler dans son établissement.

Un équilibre professionnel perturbé

Créé en mai 2006 dans le centre-ville de Narbonne, Kioskasie était à l’origine un restaurant asiatique dont le concept a évolué en 2012 en foodstore. Makis, sushis, nems et autres délices de la cuisine vietnamienne ou japonaise, tous faits maison, se dégustent sur place, en vente à emporter ou chez soi, grâce à un service de livraison. Djamila y est salariée depuis 2006 comme plongeuse et aide-cuisinière. Christophe Illac, le gérant, l’employait déjà dans son précédent établissement. « Elle a eu une histoire familiale compliquée qui rend ses rapports professionnels pas très simples. Lorsque j’ai fermé mon premier restaurant, elle s’est retrouvée sans emploi. Quand j’ai ouvert le second, deux ans plus tard, elle n’en avait pas retrouvé. Je lui ai alors proposé de revenir travailler avec nous. » Mais en 2019, la situation se détériore. Djamila est très perturbée par le décès de sa mère. Au travail, malgré l’entourage soutenant de son employeur et de son épouse, la salariée ne parvient pas à remonter la pente. Sa santé physique n’est pas optimale non plus, elle souffre aussi de problèmes de dos et de cervicales. Le médecin du travail suggère un mi-temps thérapeutique.

De nouveaux équipements pour alléger les tâches quotidiennes

Ce passage à temps partiel dure 9 mois, « le temps, explique Christophe Illac, de réunir autour de la tables les interlocuteurs susceptibles de réfléchir à une solution durable pour Djamila. » Cap Emploi Aude, une assistante sociale, le médecin du travail et un ergonome du Service Interentreprises de Santé au Travail de Narbonne (SIST) explorent les possibilités d’aménagement du poste. « C’était mon objectif de la garder, poursuit le restaurateur, mais comme toute entreprise, j’ai des impératifs économiques. Je voulais être accompagné dans la recherche d’une solution de maintien de son emploi qui nous satisfasse tous les deux. » Le principe d’une automatisation partielle des tâches de cuisine de la salariée est arrêté. Préposée à la préparation des farces destinée à garnir les nems, Djamila peut désormais compter sur l’aide de robots hachoirs plus puissants qu’auparavant, d’une presse à légumes et d’un batteur – une sorte de gros pétrin de boulangerie – pour s’acquitter de la fabrication des quelque 1 000 à 1 500 unités hebdomadaires. Ces acquisitions sont cofinancées par l’Agefiph. Pour faciliter l’usage de ces nouvelles machines, Christophe Illac rédige des fiches techniques qui fixent la chronologie des tâches et la précision des gestes demandés. « J’ai moi-même pris en charge le tutorat et le suivi de Djamila à la place du chef cuisinier. Depuis le temps que nous travaillons ensemble, je sais comment lui parler et j’ai préféré gérer la relation moi-même. »

Un retour à l’équilibre, 22 heures par semaine

La transition s’opère bien. Selon le gérant, les aménagements réalisés ne sont pas figés. « Dès qu’on trouve un moyen ou une solution pour améliorer la rapidité ou le confort de Djamila dans son travail, on l’adopte. » Son temps de travail reste adapté : elle est présente 22 heures par semaine au restaurant. Une demande de reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH), déposée courant 2020, a été acceptée pour une durée de trois ans. Cette disposition permet à la salariée de toucher une rémunération à temps plein : le salaire versé par son employeur est abondé par la Caisse primaire d’assurance maladie à hauteur de 35 h hebdomadaires. Elle reconnaît aussi l’effort réalisé par son employeur dans sa volonté de maintien dans l’emploi de sa salariée et ce, dans un contexte économique des plus incertains.

TÉMOIGNAGE

Christophe Illac, gérant de Kioskasie « On fait tous des efforts »

« Djamila va mieux aujourd’hui. Elle s’est prise en main, nous l’avons soutenue, elle a consulté des spécialistes. Depuis toujours, elle ne vivait que pour son travail et pour sa mère dont elle s’occupait. Après la disparition de cette dernière, c’est tout son monde qui s’est écroulé. Pour les douleurs physiques (dos, cervicales), il reste sans doute des choses à faire mais elles relèvent selon moi de décisions médicales et non de l’employeur. C’est un parcours de longue haleine. » 

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Kioskasie

Activité : Restauration

Région : Occitanie

Effectif : 11

Effectif TH : 1

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Contact : Christophe Illac, gérant - chris.delph@wanadoo.fr

Mise à jour : 18/01/2022

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : psychique, moteur

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Kioskasie, Agefiph

Partenaires : Cap emploi Aude, Service Interentreprises de Santé au Travail de Narbonne SIST, assistante sociale

Publié le 9 février 2022