Témoignage Entreprise

Leboucher Constructions crée un poste de magasinier pour préserver l’emploi d’un ancien charpentier

A quelques années de la retraite, Olivier doit renoncer à son métier en raison de l’usure professionnelle. Avec l’appui de Cap emploi et du médecin de travail, son employeur décide de doter l’entreprise d’un magasin pour stocker du matériel et de lui en confier la gestion.

Un salarié victime de l’usure professionnelle

Spécialisée dans les travaux de charpente, la société Leboucher Constructions s’est engagée depuis plusieurs années dans une politique de prévention des risques professionnels. « Notre métier est particulièrement exposé à l’usure professionnelle et nous avons le souci de préserver nos salariés au maximum, explique Mickael Trocherie, son dirigeant. Nous avons donc remis à plat notre organisation, réduit le nombre d’heures hebdomadaires, aménagé les temps de travail. »

Malgré ces mesures, le travail en extérieur, à la merci des intempéries, finit souvent, dans la durée, par peser sur les organismes. Olivier, charpentier depuis plus 30 ans dans la PME normande en a fait l’expérience à ses dépens. Victime de tendinites à répétition, il a été contraint d’enchaîner les arrêts de travail ces deux dernières années, jusqu’à ce que le médecin du travail prononce un avis d’inaptitude définitif.

Fin 2022, à quelques années seulement de la retraite, le salarié se retrouve contraint d’abandonner un métier qu’il a toujours pratiqué et de s’inventer un nouvel avenir professionnel. Cap emploi l’aide à faire reconnaître son handicap auprès de la MDPH. L’organisme prend par ailleurs contact avec l’entreprise en vue de réfléchir à des pistes de reclassement. « Dans une PME comme la nôtre, les possibilités sont réduites mais nous avions à cœur de trouver une solution pour Olivier », rapporte son dirigeant.

Une transition accompagnée et sécurisée

En interne, la réflexion engagée est collective. Elle associe le gérant, le chef d’équipe, la comptable et le salarié, toujours en arrêt de travail, qui a besoin de cheminer un minimum pour accepter la situation.

Rapidement s’impose l’idée de doter l’entreprise d’un magasin dont Olivier deviendrait le responsable. Le fait de pouvoir disposer à demeure d’un stock de matériel est un vrai plus pour les équipes. Compte tenu de son expérience, l’ancien charpentier a toutes les connaissances requises pour en assurer la bonne gestion. Il doit toutefois s’initier à l’informatique afin de pouvoir réaliser la mise à jour des inventaires et passer les commandes auprès des fournisseurs.

Afin de préparer cette transition professionnelle, une aide financière est demandée à l’Agefiph pour la recherche et la mise en œuvre de solutions pour le maintien en emploi. Parallèlement, Cap emploi mobilise deux dispositifs auprès de la Caisse primaire d’assurance maladie : la Prestation d’accompagnement de mise en situation professionnelle de salariés en indemnités journalières (PRESIJ) permet d’évaluer la faisabilité du projet pendant l’arrêt de travail ; la Convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE) apporte une sécurité supplémentaire. Cette prise en charge d’une partie de la rémunération du salarié facilite le retour dans l’entreprise et la formation au poste.

La promesse d’une fin de carrière sereine

Grâce à ces aides, Olivier, absent depuis près de 7 mois, peut reprendre progressivement le travail. Il vient à l’atelier tout d’abord un jour par semaine puis 2-3 jours jusqu’à la reprise à temps complet. Il est accompagné par son chef d’atelier pour prendre en main son nouveau poste. « Dans ces situations, il faut se donner du temps car il n’est pas facile d’opérer un tel changement passé la cinquantaine », souligne Mickael Trocherie.

Cette première phase permet par ailleurs de faire apparaître d’autres besoins. Une aide de l’Agefiph au titre de l’adaptation des situations de travail permet à l’entreprise d’investir dans un chariot multidirectionnel et d’équiper le poste de travail d’Olivier d’un marchepied et d’un siège ergonomique.

Au plan professionnel, l’ancien charpentier est désormais à nouveau sur les rails. « Il peut envisager l’avenir avec sérénité, poursuit son employeur. Il a aujourd’hui la garantie de faire ses dernières années dans l’entreprise. »

Pour Mickael Trocherie, la démarche qui a été engagée pour le maintien dans l’emploi d’Olivier est fondamentale. « Cela relève de la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de salariés qui lui sont restés fidèles pendant tant d’années. C’est aussi un signal lancé aux plus jeunes : il s’agit de leur montrer que même dans nos métiers, on peut rebondir et que des solutions sont possibles pour aménager les fins de carrière. »

TÉMOIGNAGE

Mickael Trocherie, président directeur général « Maintenir un salarié dans l’emploi, c’est aussi une manière de préserver des savoir-faire dans l’entreprise

Dans notre entreprise, nous avons la chance d’avoir des salariés qui nous sont fidèles. Nous avons donc le souci de les accompagner jusqu’à la retraite, même si nous savons que nous ne pourrons pas requalifier tout le monde. D’où l’importance de la prévention. Maintenir un salarié dans l’emploi, c’est aussi une manière de préserver des savoir-faire dans l’entreprise et de renvoyer à nos jeunes une bonne image de notre métier.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Leboucher Construction

Activité : construction

Région : Normandie

Effectif : 50

Effectif TH : nc Contact : Mickael Trocherie, président - s.gasnier@constructionsleboucher.com

Mise à jour : 31/10/2023

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : moteur

Aménagements - techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : oui

Financements : Caisse primaire d’assurance maladie, Agefiph

Partenaires : médecin de travail, Cap emploi

Publié le 15 décembre 2023