Témoignage Entreprise

MapoHème s’engage pour l’insertion des personnes autistes

Implantée à Saint-Nazaire, la jeune entreprise de cosmétiques bio entend inscrire son activité dans une démarche environnementale et sociale. La formation et l’intégration de personnes avec autisme figurent officiellement dans ses statuts.

Une entreprise à finalité écologique et sociale

En 2020, Delphine Biette décide de marcher dans les traces de son arrière-grand-père savonnier-parfumeur. Avec son associée, Mélanie Aumon, elle crée à Saint-Nazaire l’entreprise MapoHème, spécialisée dans la fabrication artisanale de cosmétiques naturels. La jeune entreprise se revendique de l’économie sociale et solidaire. Elle obtient l’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale), attribué par la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets), et entend inscrire son activité dans deux grandes missions : la préservation de la planète via la fabrication de produits éco-conçus et l'emploi de salariés autistes, un sujet sur lequel les deux fondatrices ont été sensibilisées au cours de leurs parcours respectifs. 

Pour concrétiser cet engagement inclusif, MapoHème souhaite, d’une part, développer des partenariats avec le secteur protégé, d’autre part, accueillir des personnes autistes ou avec handicap en vue de les former et de les embaucher.

Des partenariats avec deux Esat

Quelques mois après sa création, l’entreprise contacte différents Esat du département et contractualise avec deux établissements de Saint-Nazaire et Ponchâteau, gérés par l’Apei 44. Elle leur confie la fabrication d’accessoires en lien avec ses produits : porte-savons en bois, pochettes, coffrets, coton démaquillants… « Il ne s’agit pas seulement de sous-traiter mais aussi d’accueillir dans nos murs des stagiaires ou des travailleurs détachés dans le cadre de contrats de mise à disposition », précise Mélanie Aumon, directrice générale de l’entreprise, elle-même issue du travail social. 

Durant l’année 2022, 5 personnes autistes se relaient dans l’atelier de MapoHème, Les fondatrices assurent elles-mêmes leur formation et leur encadrement. Ces travailleurs détachés participent à la fabrication et au conditionnement des produits. L’entreprise s’est préparée en amont à les accueillir avec la Fondation 3A (Adultes Autistes Autonomes) et l’association Autisme Loire Océan. Elle a notamment mis en place différents outils pour leur permettre de se repérer : utilisation de pictogrammes et de codes couleur, étiquetage spécifique… Ces petits aménagements ont été validés par un ergonome. « Nous sommes également allées visiter l’usine Novandie-Andros en Eure-et-Loir, où l’association Vivre et travailler autrement a développé, depuis 10 ans, un dispositif d’accompagnement de travailleurs autistes unique en France », détaille Mélanie Aumon.

Un premier recrutement en 2022

En janvier 2022, par l’entremise de l’association Autisme Loire Océan, l’entreprise accueille Envel dans le cadre d’un stage. Âgé de 34 ans, le jeune homme est autiste Asperger. Malgré des études supérieures en génie optique, il n’a jamais trouvé de travail. « Nous avons pris le temps de le former sur l’ensemble du processus de production. Il a acquis progressivement les savoir-faire et les compétences pour fabriquer et conditionner les cosmétiques, réaliser l’étiquetage, gérer la préparation de commande », raconte Mélanie Aumon.

Du fait d’une certaine fatigabilité, Envel a besoin d’adapter son rythme de travail. Sujet à des troubles anxieux, il a également besoin d’être régulièrement encouragé et rassuré sur ses capacités. 

Au terme de son stage, le jeune homme est embauché en CDD à partir de janvier 2023, avec la volonté de poursuivre en CDI à l’été 2024. Il est présent deux jours par semaine dans l’entreprise.

Pendant sa période de formation, l’entreprise a perçu de l’Agefiph une aide au tutorat. Un dossier de demande de reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) est aujourd’hui à l’étude. MapoHème n’entend pas s’arrêter à cette première expérience. L’entreprise espère réaliser d’autres embauches en fonction du développement de son activité. 

TÉMOIGNAGE 

Mélanie Aumon, directrice générale 

« Des personnes qui ont de vraies compétences à nous apporter »

Après trois années d’expériences, nous sommes toujours aussi convaincues de la pertinence de notre démarche en direction des personnes autistes. Ce sont des personnes qui présentent certes des particularités mais qui ont aussi de vraies compétences à nous apporter à condition, bien sûr, de prendre en compte leurs spécificités. 

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Publié le 15 mai 2024