Témoignage Entreprise

Margo, 20 ans, de l’IME à la conserverie Au Bec Fin

Après un stage d’une semaine à la conserverie cogolinoise Au Bec Fin, Margo, 20 ans, scolarisée en IME et appelée à être orientée en Esat, va y suivre un parcours d’insertion de huit mois débouchant sur un CDD puis un CDI.

Une candidature pour un stage de découverte

Courant 2018, la conserverie Au Bec Fin, située à Cogolin (Var) est sollicitée par l’Institut Médico-Educatif (IME) Estérel de Saint-Raphaël pour accueillir Margo, 20 ans, en stage d’immersion d’une semaine. L’entreprise, qui fabrique des produits à tartiner (tapenades, mayonnaises…) et des soupes, emploie 25 salariés, tous polyvalents sur les différents postes, de la composition de recettes à l’expédition en passant par le dosage, le remplissage des pots, l’étiquetage et le capsulage.

Guillaume Chiartano, le responsable de production, est sensible à l’histoire de cette jeune femme qui devrait être orientée en Esat, mais dont le désir est d’explorer le milieu ordinaire. S’il a déjà travaillé avec des personnes en situation de handicap moteur, il n’a aucune expérience en matière de handicap intellectuel, une part d’inconnu qui n’est pas sans susciter chez lui quelques appréhensions. Il s’interroge notamment sur la réaction de son équipe vis-à-vis de la future stagiaire. Au cours de l’entretien, Margo se montre très fermée et ne dit pas un mot. Le responsable de production décide toutefois de l’accueillir en stage. Avant qu’elle ne le débute, il s’assure auprès de son équipe d’un accueil ouvert et bienveillant. A ce stade, il n’est question que de faire découvrir, pendant une semaine, le quotidien d’une entreprise du secteur ordinaire à une jeune femme handicapée intellectuelle de 20 ans.

Mise en place d’un dispositif Emploi Accompagné

Le stage se passe bien, même si Margo a quelques difficultés à suivre le rythme des 37 heures hebdomadaires. A l’issue de la période, l’IME suggère de poursuivre l’expérience sur une deuxième semaine. De fil en aiguille, Margo va alterner pendant les huit mois suivants, semaines au travail et à l’école. Les journées passées dans l’entreprise prennent progressivement le pas sur celles passées à l’IME. « C’était le temps qu’il fallait à Margo pour trouver un rythme de travail et s’intégrer à l’équipe, comprendre les consignes, progresser sur les tâches à réaliser mais aussi accepter les éventuelles réprimandes, analyse Guillaume Chiartano. Au bout de huit mois, Margo a fourni la preuve qu’elle pouvait être polyvalente comme les autres salariés. »

Convaincu des capacités de la jeune femme et de sa volonté de poursuivre, le responsable de production propose alors de l’embaucher en CDD. Pour aider Margo et l’équipe durant cette période, une référente de l’Adapei Var-Méditerranée, association mandatée dans le département pour porter le dispositif Emploi Accompagné, intervient tous les 15 jours. Elle conseille la personne chargée de tutorer Margo dans l’entreprise, accompagne l’employeur sur les dossiers de demande d’aides à l’Agefiph. C’est aussi elle qui se charge, avec Margo, des démarches et visites auprès de la médecine du travail.

Margo confirmée en CDI

En avril 2020, Margo étant désormais pleinement intégrée à l’équipe, la conserverie l’embauche en CDI. « Si j’ai quelque chose à lui dire, je traite directement avec elle, assure son directeur. Je la considère comme une salariée à part entière. Je ne lui consacre pas plus de temps qu’à ses collègues parce que je n’en ai pas ! C’était aussi la condition pour poursuivre en CDI. »

L’accompagnement par l’Adapei Var-Méditerranée s’est progressivement atténué. La référente ne vient plus qu’une fois par trimestre pour échanger avec Margo.

« Je sais que Margo est heureuse de venir travailler parce que je le vois. Elle a toujours le sourire, elle a plaisir à être là et nous à l’avoir avec nous. Depuis plus d’un an et demi qu’elle est ici, elle n’a eu aucun retard. Il lui arrive parfois de décrocher un peu, de perdre le rythme. Mais je peux assurer que si demain, je trouve 10 Margo, je les embauche toutes ! Est-ce que nous avons eu de la chance de tomber sur elle ? Est-ce que c’est nous, est-ce que c’est elle ? Je suis incapable de le dire mais dans tous les cas, cela valait le coup d’essayer. »

TÉMOIGNAGE

Guillaume Chiartano, responsable de production Au Bec Fin « Les choses se sont faites naturellement »

« Au départ, il ne s’agissait pas d’embaucher Margo mais simplement de lui offrir un stage. L’objectif était à notre portée et nous n’avions aucune pression, juste la curiosité et le temps d’essayer pour observer ce qui allait se passer. Les choses se sont faites naturellement. Il est vrai aussi que ma hiérarchie m’a laissé carte blanche. Elle m’a fait confiance sur le fait qu’il ne s’agissait nullement d’une embauche de complaisance et m’a laissé libre de décider. »

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Au Bec Fin

Groupe : French Gourmet Food

Activité : Industries agricoles et alimentaires

Région : Provence Alpes Côte d’Azur

Effectif : 25

Effectif TH : 1

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : -

Contact : Guillaume Chiartano, responsable de production – production@au-bec-fin.com

Mise à jour : 12/01/2021

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 1

Type de handicap : intellectuel

Aménagements

- techniques : non

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Au Bec Fin, Agefiph

Partenaires : Adapei Var-Méditerranée, IME Esterel

Publié le 16 février 2021