Michelin accompagne la mobilité externe d’une salariée en inaptitude
Une transition en douceur vers « l’après-Michelin »
Quel point commun y a-t-il entre la fabrication de pneumatiques destinés à l’automobile et le délicat travail de joaillerie ? À première vue aucun. Pourtant, Bénédicte, salariée pendant près de 15 ans chez Michelin a franchi le pas entre ces deux univers professionnels si radicalement opposés.
Employée à l’usine de Vannes, l’opératrice a totalement changé de métier en raison de troubles musculo-squelettiques. Là où elle manipulait hier les fils métalliques entrant dans la fabrication des pneus, elle travaille aujourd’hui l’argent et l’or fin. Après plusieurs changements de postes en interne depuis 2004 du fait de ses problèmes de dos, Bénédicte, était arrivée au bout des possibilités envisageables chez Michelin. « J’avais un état d’esprit très confus, je ne savais pas du tout vers où j’allais », confie-t-elle. L’entreprise l’a soutenue et aidée, étape par étape, pour trouver sa nouvelle voie, construire son projet et opérer une transition en douceur vers « l’après-Michelin ».
Ce type d’accompagnement à la mobilité externe est encore rarement envisagé par les entreprises confrontées à des situations d’inaptitude. « Si nous pouvons le faire et l’assumer aujourd’hui, c’est parce que nous avons développé une culture et un savoir-faire en matière de maintien dans l’emploi qui créent les conditions de la confiance chez les personnes accompagnées », explique Sylvie Josse, responsable de la Mission Handicap France du groupe.
Une solide culture du maintien dans l’emploi
A l’époque où les salariés étaient amenés à réaliser toute leur carrière chez Michelin, l’entreprise, ancrée dans un modèle résolument paternaliste, orientait les ouvriers vieillissants vers des postes plus ou moins réservés afin d’éviter les licenciements pour inaptitude. La sociologie de l’entreprise tout comme son organisation ont considérablement évolué, mais la volonté d’accompagner le mieux possible les salariés fragilisés perdure. Autour de la mission handicap nationale et de son réseau de 23 référents, le groupe a mis en place une méthodologie mobilisant tous les intervenants internes (responsables RH, managers…) et externes (Agefiph, médecin du travail, Cap emploi…) pour réaliser des aménagements ou repositionner les salariés en difficulté sur des postes plus adaptés à leur situation. « Le travail réalisé avec l’Agefiph dans le cadre de notre convention 2017-2019 nous a permis de beaucoup progresser dans ce sens », insiste Sylvie Josse. Cette approche rend aujourd’hui possible l’accompagnement à la mobilité externe.
À Vannes, Bénédicte, confrontée à ses incertitudes, a tout de suite trouvé un interlocuteur en la personne du référent handicap local qui a pris le temps de l’écouter, d’échanger avec elle afin de l’aider à trouver la solution qui lui conviendrait le mieux.
Un accompagnement étape par étape
Pour la salariée, tout commence par « un bilan de compétences maintien dans l’emploi » mis en place par Michelin. Il associe un psychologue et le médecin du travail. Il est d’abord suggéré à Bénédicte de s’orienter vers un poste administratif mais cette perspective ne la satisfait guère. Ayant découvert ses appétences pour la création artistique, Pascal Guillemain, le référent handicap du site de Vannes, lui suggère l’horlogerie. Cette piste s’affine lors d’une visite de l’école Tané de bijouterie et d’orfèvrerie à Ploërmel. Bénédicte est séduite. Un stage de 3 jours, financé par Michelin, lui permet de confirmer son choix. Une fois réussi le concours d’entrée, elle entre enfin en formation. Elle prépare aujourd’hui un CAP. « Le parcours de Bénédicte est exemplaire, note Sylvie Josse. Elle a trouvé un métier qui lui correspond et qui lui ouvrira, demain, les portes d’ateliers de création. » Comme elle, d’autres salariés ont été accompagnés pour devenir photographe, moniteur d’auto-école ou encore agent d’entretien d’immeuble indépendant.
Le dispositif ne concerne toutefois chaque année que 4 à 5 personnes sur l’ensemble du groupe Michelin (18 000 salariés). L’entreprise continue en effet à privilégier le maintien dans l’emploi en interne. La démarche n’en constitue pas moins un outil supplémentaire pour éviter les licenciements pour inaptitude que le groupe s’enorgueillit d’avoir réduit de près de 40 % ces dernières années.
TÉMOIGNAGE
Sylvie Josse, responsable de Mission Handicap Michelin « Une reconversion, cela se construit dans la durée »
Une situation d’inaptitude est toujours douloureuse. Elle est souvent vécue comme un échec. Les salariés concernés s’inquiètent pour leur avenir. Beaucoup se disent : « Je ne sais rien faire d’autre que mon métier » alors que le transfert de compétences ouvre de nombreuses possibilités. Une reconversion, cela ne s’improvise pas, cela se construit dans la durée. Ce que nous proposons aux personnes que nous accompagnons, c’est justement de prendre le temps d’accepter leur situation puis de les aider à mûrir un projet et à se mettre en mouvement.
FICHE D’IDENTITÉ
Groupe : Michelin
Site : Michelin Vannes
Activité : Industries de biens d’équipements
Région : Bretagne
Effectif France : 18 403
Effectif Vannes : 384
Effectif TH : 37 (9,9 % emploi direct)
Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0,39 UB
Convention : oui (2017-2019)
Contact : Sylvie Josse, responsable Mission Handicap France - sylvie.josse@michelin.com
Mise à jour : 13/10/2020
FICHE TECHNIQUE
Nombre de personnes handicapées concernées : 1
Type de handicap : moteur
Aménagements
- techniques : non
- organisationnel : non
- formation : oui
Financements : Agefiph, Michelin, aides de droit commun
Partenaires : psychologue et médecin du travail, école Tané de bijouterie et d’orfèvrerie