Témoignage Entreprise

Le long parcours d’une préparatrice atteinte d’épilepsie chez Daunat

Edith travaille depuis près de 25 ans au sein de la société spécialisée dans la fabrication industrielle de sandwiches. Au fur et à mesure de la mise en place de sa politique de maintien dans l’emploi, l’entreprise a mis en place des solutions pour lui permettre de travailler en toute sécurité.

Des crises d’épilepsie à répétition

Créée dans les années 1970, à Guingamp, par Jean-Claude Daunat, ancien coureur cycliste, l’entreprise qui porte son nom s’est spécialisée dans la fabrication de sandwiches distribués dans les stations-services à l’intention des cyclistes amateurs. Au départ très artisanale, la marque a prospéré d’année en année, grâce au développement du réseau autoroutier. Elle a progressivement diversifié son offre et industrialisé ses process au point de devenir l’un des leaders de son secteur en France. Daunat emploie aujourd’hui, selon les saisons, de 1 400 à 1 700 salariés sur cinq sites de fabrication implantés en Bretagne, dans les Hauts-de-France et en Bourgogne. 

Aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années, Edith travaille à l’usine de Chalon-sur-Saône. Elle est en CDI dans l’entreprise depuis 22 ans. Au moment de son embauche, elle est déjà sujette à des crises d’épilepsie mais ne souhaite pas en informer son employeur. Il est toutefois difficile de cacher la réalité. Bien qu’elle parvienne à les anticiper, ses malaises viennent régulièrement perturber la production. Ce qui n’empêche pas l’entreprise d’apprécier ses qualités personnelles et professionnelles. Sa responsable de l’époque la rassure : « Il n’y a pas que toi qui est malade ici. »

Un nouveau poste, une équipe sensibilisée

Edith poursuit donc son travail à l’assemblage. Lorsque les cadences s’accélèrent et que le stress et la fatigue s’accumulent, le nombre de crises augmentent. Les collègues, qui ne sont pas informés de sa pathologie, vivent plus ou moins bien ces événements. 

Entrée chez Daunat fin 2024 comme infirmière et référente handicap, Adeline Bressoux n’a pas vécu cette période mais elle connaît bien l’histoire de la salariée, dont elle assure aujourd’hui le suivi. « La collègue qui occupait précédemment mon poste a proposé à Edith de changer d’équipe. Elle a rejoint le service conditionnement où elle travaille encore aujourd’hui au colisage. » Avantage : l’équipe est plus petite. Les collègues sont sensibilisés à sa situation et les sauveteurs secouristes du travail formés à sa prise en charge en cas de malaise. La salariée s’est vu prescrire par son médecin un dispositif à aimant qui permet de stopper ou de limiter les crises. Dans l’intervalle, accompagnée par l’entreprise, elle a accepté de faire une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Mais la situation n’est pas totalement stabilisée pour autant. Le temps passant, Edith ne sent plus venir ses crises. « Auparavant, elle prenait le temps de s’asseoir par anticipation. Aujourd’hui, elle tombe d’un bloc. » Bien que la salarié pratique un sport de combat et sache amortir ses chutes, le risque de se blesser est grand.

Un dispositif anti-chute inédit

Chez Daunat, la prise en compte du handicap s’est structurée au fil des années. L’entreprise travaille en lien étroit avec la médecine du travail et Cap emploi et sollicite régulièrement l’Agefiph sur des aménagements de postes. Une assistance sociale intervient une fois par mois pour assurer le suivi des salariés concernés avec Adeline Bressoux qui poursuit dans la dynamique engagée par sa prédécesseure. Elle connaît bien la problématique de la RQTH pour avoir rédigé un mémoire sur le sujet. Elle a par ailleurs commencé à mettre en place une méthodologie sur le maintien dans l’emploi et amorcé une réflexion pour une meilleure gestion des mi-temps thérapeutiques. « L’une des difficultés est que notre marge de manœuvre est très limitée en matière de reclassement interne. En cas d’inaptitude, si aucune solution n’est possible dans l’entreprise, nous faisons le relais avec Cap emploi pour assurer aux salariés une continuité dans l’accompagnement. »

Dans le cas d’Edith, une solution inédite est suggérée par la responsable Hygiène Sécurité Environnement (HSE) de l’entreprise : un gilet airbag anti-chute, semblable à ceux utilisés par les motards. Ce dispositif n’existe pas en France mais est couramment utilisé en Chine par des personnes âgées. C’est un simple gilet sans manche qui ressemble à ceux portés au sein de nos équipes, précise Adeline Bressoux. En cas de chute, un coussin d’air se déploie pour protéger la tête et le dos. » La salariée l’expérimente en janvier 2025 et finit par l’adopter après validation par le médecin du travail. Le financement est assuré par l’Agefiph. 

Très heureuse de pouvoir continuer à travailler en toute sécurité, Edith n’a pas hésité, récemment, à apporter son témoignage enthousiaste lors de la remise d’un trophée à l’entreprise pour cette innovation.

TÉMOIGNAGE 

Adeline Bressoux, infirmière et référente handicap 

« Le maintien dans l’emploi demande du temps et de la méthode »

Chez Daunat, nous gérons de nombreuses situations de handicap car nos métiers sont assez physiques, en particulier pour les salariés les plus âgés. Le maintien dans l’emploi demande du temps, de la méthode et une collaboration étroite avec les services de santé au travail, Cap emploi et l’Agefiph. Nous travaillons notamment sur l’optimisation du mi-temps thérapeutique qui nous donne une marge de manœuvre pour mettre en place des aménagements de poste ou accompagner une réorientation professionnelle.

Publié le 22 juillet 2025