Les Pépinières Renault adaptent le poste de Vanessa, ouvrière polyvalente

Un avis d’inaptitude inattendu
A Gorron (Mayenne), Julie Renault a pris les rênes, en 2023, des pépinières fondées par son grand-père puis gérées par son père et son oncle. Elle y emploie une vingtaine de salariés permanents, renforcés par une dizaine de saisonniers en haute saison. Sur ses cinq sites, qui représentent au total 70 ha, l’entreprise produit, de la bouture jusqu’au conteneur, plus de 500 variétés d’arbustes destinés à une clientèle professionnelle en France et dans toute l’Europe : grossistes, jardineries, sites de vente par correspondance, collectivités…
Arrivée comme saisonnière, Vanessa, 36 ans, est embauchée en 2018 comme ouvrière polyvalente. Elle s’occupe principalement des jeunes plants après la phase de bouturage. Elle assure l’entretien des cultures (rempotage, arrosage, désherbage) et la préparation des commandes. Un véritable métier passion.
Au printemps 2021, la jeune femme se blesse au genou en heurtant une remorque. D’apparence banale, l’accident l’immobilise pendant près d’un an et demi. Pour l’intéressée comme pour son employeur, la reprise du travail ne sera toutefois qu’une question de temps. Mais à leur grande surprise, le médecin du travail de la MSA déclare Vanessa inapte à son poste. « Nous avons trouvé ce verdict un peu excessif car la plupart des tâches de Vanessa sont mécanisées mais nous nous sommes évidemment pliés à cette décision », se souvient Julie Renault, qui, à l’époque, seconde encore son père à la tête de la société.
Des solutions pour le maintien de Vanessa
Pour l’employeur, il n’est pas concevable de se passer des compétences de Vanessa. En vue de trouver des solutions adaptées, l’entreprise prend conseil auprès de l’Agefiph qui l’oriente vers Cap emploi. Un ergonome est missionné aux Pépinières Renault. « Il a pris le temps d’analyser notre fonctionnement et d’identifier les tâches que Vanessa ne pouvait plus assumer sans aménagement puis nous a fait des propositions en tenant compte à la fois de ses besoins et des contraintes de l’entreprise. »
Concrètement, la salariée ne peut pas plier le genou qui ne doit pas non plus rester tendu. Elle doit par ailleurs éviter les mouvements de rotation. Pour lui faciliter la tâche, l’ergonome propose de petites solutions : installation d’un marchepied sur un tracteur, acquisition d’un siège assis-debout, d’un repose-pied. Mais il préconise également des aménagements plus conséquents, notamment l’utilisation d’un engin de désherbage robotisé, utilisable en mode assis ou allongé, et qui peut également être télécommandé. Pour l’utiliser sur le poste de Vanessa, il est nécessaire de modifier l’espacement des rangs de culture. Deuxième proposition : l’acquisition d’un chariot électrique multifonctions capable de manipuler les pots lors de la préparation de commande.
Un co-financement de l’Agefiph
L’ensemble de ces préconisations est validé par Cap emploi. « Tout s’est fait assez rapidement, note Julie Renault. Le dossier de l’ergonome était très complet et tout le monde a compris la notion d’urgence. Vanessa était impatiente de reprendre le travail et ne voulait pas aller ailleurs. De notre côté, nous avons activement participé à la recherche des solutions. »
L’Agefiph prend en charge une partie des investissements, l’entreprise assurant également sa part de financements. Ces aménagements sont par ailleurs l’occasion de réorganiser les espaces de travail pour faciliter la circulation et éviter de nouveaux incidents.
Au final, l’opération aura permis à Vanessa de reprendre son travail dans de meilleures conditions, sans risquer d’aggraver sa situation. « Le fait d'avoir le soutien de l’employeur est vraiment important, tant physiquement que moralement », confie la salarié, qui peut désormais envisager sereinement son avenir professionnel dans l’entreprise
TÉMOIGNAGE
Julie Renault, gérante des Pépinières Renault
« Nous avons été bien accompagnés, du début jusqu’à la fin »
A l’annonce de l’inaptitude de Vanessa, nous étions abasourdis. Mon père a demandé conseil à l’Agefiph qui nous dit que des solutions d’aménagement étaient possibles ! Cap emploi nous a bien accompagnés, du début jusqu’à la fin. Je pense que quand il y a une volonté du côté de l'employeur et de l'employé, les choses peuvent se faire de façon assez fluide. »