Témoignage Entreprise

A Mulhouse, le restaurant inclusif Un Petit Truc en plus emploie six équipiers porteurs de trisomie 21

Imaginé par l’ancienne cheffe de cuisine du Centre de réadaptation de Mulhouse, l’établissement s’inspire du concept inventé par le restaurant Le Reflet de Nantes et espère, à terme, devenir une passerelle professionnelle pour les personnes qu’il emploie.

Un projet social innovant

C’est un restaurant en apparence tout à fait ordinaire, situé à deux pas du centre historique de Mulhouse. Depuis 2019, l’établissement propose, chaque jour, trois entrées, trois plats et trois desserts à l’heure du déjeuner et du dîner mais aussi des plats à emporter ou en livraison.

Comme l’annonce le nom sur la vitrine, il possède « un petit truc en plus » que les autres restaurants du secteur n’ont pas. Car l’équipe qui s’active ici, en salle comme en cuisine, est constituée de personnes porteuses de trisomie 21. Le lieu n’est pourtant ni un Esat ni une entreprise adaptée. Un Petit Truc en plus est pleinement ancré dans le « milieu ordinaire de travail ».

Jusqu’ici inédit dans la région Grand Est, le concept du « restaurant inclusif » a été inspiré à Aurélie Bernard, la fondatrice, par le premier établissement de ce type, Le Reflet, dont la création, à Nantes en 2017, a fait l’objet d’un véritable engouement médiatique. « J’étais alors la cheffe de cuisine du Centre de réadaptation de Mulhouse (CRM), se souvient-elle. J’ai trouvé l’idée formidable et j’ai proposé à ma direction de travailler à un projet similaire. »

Le CRM est un établissement de rééducation, de soins et de formation professionnelle qui accompagne des personnes en situation de handicap dans la réalisation de leur projet d'autonomie à la fois fonctionnelle, professionnelle et psycho-social. L’établissement accueille plutôt des personnes présentant un handicap moteur mais l’idée de s’engager sur un projet d’innovation sociale en lien avec la trisomie 21 séduit la direction. Elle accepte d’apporter son crédit, ses réseaux et de fournir les murs après avoir fait l’acquisition d’une ancienne pizzeria. Pour le reste, tout est à construire.

L’appui actif d’associations spécialisées

Pour Aurélie Bernard, l’aventure n’est pas totalement nouvelle : au restaurant du CRM, où elle a dirigé une équipe de 40 personnes, elle a eu l’occasion de former des personnes handicapées et même d’accueillir un stagiaire porteur de trisomie 21. « Ce sont des personnes étonnamment positives qui ont une grande sensibilité et un sens du contact formidable, confie-t-elle. En salle, elles font immédiatement tomber les barrières avec les clients. »

Pour constituer son équipe, elle se rapproche d’associations spécialisées, notamment les Papillons Blancs d’Alsace, qui lui proposent une douzaine de candidats potentiels, des travailleurs d’Esat pour l’essentiel, et l’accompagnent dans la démarche d’évaluation. Aucun pré-requis n’est attendu en cuisine, mais il faut un minimum de motivation, d’autonomie et de capacités à travailler en équipe.

A l’issue d’entretiens classiques – complétés, si besoin, par une rencontre avec la famille – et d’une période de stage de deux semaines, six personnes sont retenues. Au restaurant, elles sont encadrées par Aurélie Bernard et son adjointe. « Nous mobilisons 4 équipiers par service. Ils alternent entre la cuisine et la salle qui compte 36 couverts », précise-t-elle.

Quelques petites adaptations sont apportées pour faciliter le travail : des menus à cocher par les clients pour la prise de commande, des codes couleurs pour faciliter le repérage, des services de table adaptés pour éviter la casse…

Parcours sécurisé, accompagnement à l’autonomie

Autre « petit truc en plus » spécifique au restaurant : la présence de deux personnes bénévoles à chaque service. « Ce sont des personnes de soutien, précise Aurélie Bernard. Leur rôle n’est pas d’intervenir à la place des équipiers mais plutôt d’apporter le petit coup de pouce qui leur permettra de gagner en autonomie. » Ces volontaires peuvent par exemple être détachés par des entreprises dans le cadre du mécénat de compétences. C’est pour pouvoir les accueillir en toute légalité que le restaurant a opté pour la forme associative.

Les équipiers, en revanche, sont salariés de plein droit, rattachés à la convention collective de la restauration. Ils ont tous signé un CDI après une phase de CDD et travaillent à temps partiel compte tenu de leur fatigabilité. Pour cinq d’entre eux, le restaurant perçoit une aide financière versée par l’Agefiph au titre de la Reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH). « La démarche que nous portons est de former, en inclusion totale, des personnes qui n’avaient pas jusqu’ici leur place dans le milieu ordinaire. Nous leur offrons un cadre protecteur mais cela n’a rien à voir avec le milieu protégé ! », insiste Aurélie Bernard. Elle envisage son établissement comme une passerelle. « Je serais très fière de voir un jour l’un de mes équipiers trouver un emploi dans un autre restaurant. » À l’inverse, si une difficulté se présentait, un retour à l’Esat serait toujours envisageable.

TÉMOIGNAGE

Aurélie Bernard, gérante d’Un Petit Truc en plus « La clientèle est sensible à la démarche »

L’équipe est très motivée et très mobilisée, d’autant plus qu’il a fallu composer pendant de longs mois avec les contraintes imposées par la crise sanitaire. Depuis la reprise de l’activité, nous sommes bien soutenus par la clientèle qui est sensible à la démarche. Les gens apprécient le lieu et l’équipe.

FICHE D’IDENTITÉ

Entreprise : Un Petit Truc en plus

Activité : restauration

Région : Alsace

Effectif entreprise : 8

Effectifs TH : 6

Unités valorisables au titre de la sous-traitance : 0

Contact : Aurélie Bernard, gérante – contact@unpetittrucenplus.fr

Mise à jour : 01/07/2021

FICHE TECHNIQUE

FICHE TECHNIQUE

Nombre de personnes handicapées concernées : 6

Type de handicap :

Aménagements

- techniques : oui

- organisationnel : oui

- formation : non

Financements : Agefiph, Centre de réadaptation de Mulhouse, donateurs

Partenaires : Centre de réadaptation de Mulhouse, MDPH, Papillons Blancs d’Alsace, Trisomie 21 Alsace, Afapei

Publié le 26 juillet 2021